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laisser le temps de regarder autour de lui, de se reconnaître et de connaître les autres. Le reste viendra successivement. Je désirerais bien que vous pussiez faire un voyage ici pendant le carême : mais je crains que votre santé ne vous le permette pas.

La mienne est toujours très faible ; je souffre constamment et je suis accablé de travail. Cela m’empêchera de faire ce que vous me demandez. Mais on mettra la lettre de M. Ch. dans le Mémorial, avec des réflexions convenables. Mon projet est d’aller après Pâques en Bretagne pour y travailler à un ouvrage, dont je recueille les matériaux, et que je ne pourrais achever ici. C’est tout ce que je vois de plus utile pour le moment. Au reste les circonstances pourront traverser ce dessein.

Mgr Macchi[1]ne doit repartir que dans un mois au plus, ce qui force son successeur à passer ce temps à l’auberge, chose gênante et désagréable.

Le Pape a refusé la démission de l’évêque de Strasbourg[2]et de celui de Verdun. Ils n’avaient pas même pris la peine d’écrire à Sa Sainteté. Les bureaux ecclésiastiques s’étaient chargés de la prévenir que le Roi avait pourvu à ces deux sièges vacans par démission. C’est une manière très simple d’expédier ces sortes d’affaires. Il paraît que M. Tharin n’est pas trop fâché d’une circonstance qui lui permet de revenir sur sa première détermination, et qu’il n’est nullement décidé à se démettre de nouveau et plus canoniquement : de sorte que voilà M. de Trévern derechef en plein air[3]. Pardonnez le jeu de mots.

Je vous recommande la lettre ci-jointe, et vous embrasse avec toute l’affection et tout le respect que je vous ai voués depuis longtemps.


Paris, 5 avril 1827.

J’ai tardé assez longtemps, mon cher et respectable ami, à répondre à vos lettres du 12 et du 17 mars. N’en accusez que les nombreuses occupations qui m’accablent ici, et qui se renouvellent et se multiplient sans cesse. J’ai su par l’abbé P… que votre santé

  1. Mgr Macchi (1770-1860) était nonce à Paris depuis 1819 avec le titre d’archevêque in partibus de Nisibe. Au sortir de cette nonciature, en 1826, il fut, suivant l’usage, nommé cardinal. Il joua un certain rôle dans le conclave où fut élu Pie VIII. Il eut pour successeur Mgr Lambruschini, archevêque de Gênes.
  2. Mgr Tharin (1787-1843), précepteur du duc de Bordeaux. Sa démission finit par être acceptée de Rome qui agréa, pour le remplacer, M. de Trévern.
  3. Mgr de Trévern (1754-1842), évêque d’Aire, de 1823 à 1827.