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M. de Senfft reprend peu à peu ses forces. Toute la famille vous dit mille choses, et moi je vous embrasse de tout mon cœur.


A la Chênaie, le 13 septembre 1825.

Il y a bien longtemps, mon cher ami, que je n’ai eu de vos nouvelles, et cela me fâche, car personne ne prend plus d’intérêt que moi à tout ce qui vous concerne. J’ai vu, dans l’Ami du Roi, la relation d’une cérémonie touchante qui a eu lieu dans votre église[1], et à laquelle a pris part le bon curé de Douvaine, à qui je vous prie d’offrir mon respect. Ne m’oubliez pas non plus près de M. le curé de Chêne et de toutes les personnes que j’ai connues à Genève, particulièrement Messieurs vos vicaires. Il me serait bien doux de causer avec vous quelques heures ; mais je ne vois guère d’apparence que ce puisse être prochainement. Les journaux m’ont appris l’ordination de M. d’Argenteau que nous avons vu à Rome ; cela m’a fait plaisir ; c’est un homme pieux, et qui, je crois, pourra rendre des services à l’Église. Quant à votre compagnon de voyage, il est plus inutile que jamais. Voilà plusieurs mois que des souffrances presque continues, une grande faiblesse et une disposition assez habituelle à l’évanouissement l’empêchent de travailler. Je pense que cela passera et, dans tous les cas, que la sainte volonté de Dieu soit faite et bénie en tout cela comme en tout le reste ! On m’attaque beaucoup en ce moment, et de bien des côtés. Des gens que j’ai défendus et que je défendrai encore toutes les fois que l’occasion s’en présentera, ont à mon égard une conduite tortueuse et fausse, et, tout en me montrant à l’extérieur de l’affection, me nuisent en secret le plus qu’ils peuvent. Encore la sainte volonté de Dieu !

Vous savez que M. de Senfft est nommé ambassadeur d’Autriche à Turin. Il est maintenant à Vienne, d’où il se rendra, je pense, vers la fin de l’automne à son nouveau poste. Adieu, mon cher et respectable ami. Je vous embrasse comme je vous aime, c’est-à-dire de tout mon cœur.

  1. Il doit s’agir ici de la cérémonie du 29 janvier 1825, dans laquelle M. Vuarin présenta à ses paroissiens vingt-quatre enfans ; habillés par les libéralités de Léon XII.