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J’ai vu ici M. l’abbé Rey[1], et je me félicite extrêmement d’avoir fait la connaissance d’un ecclésiastique aussi vénérable. Nous nous entendons parfaitement ensemble et sur tous les points. Toutes les personnes qui ont eu occasion de le voir, regrettent qu’il passe si peu de temps au milieu de nous.

Depuis assez longtemps, je ne sais rien de M. de Haller. Je l’avais engagé à composer un exposé des motifs de sa conversion. Je croirais cet écrit fort utile. Il m’avait fait espérer qu’il s’en occuperait. Je crains que d’autres travaux ne le détournent de celui-là. En général, il me semble qu’on attache trop d’importance aux discussions et aux théories de la politique, dans un moment tel que celui-ci. Abattez le protestantisme, source de toutes nos révolutions ; rétablissez partout la véritable religion, et puis laissez-la tranquillement agir ; d’elle-même et sans secousses, elle vous fera des sociétés conformes aux besoins des temps. A quoi bon aujourd’hui ces idées spéculatives que personne n’applique, ces combats de plume contre des peuples en délire qui ne vous lisent point ? En temps de guerre, j’aime qu’on tire du côté de l’ennemi.

M. de Saint-Victor vous offre ses hommages. M. de Senfft est encore à Saint-Germain où il a passé l’été. Il vient peu à Paris, mais l’hiver approche, et je le verrai bientôt davantage. Recevez, Monsieur et bien cher ami, l’assurance de mon sincère et tendre attachement.

F. DE LA MENNAIS.

1823


Paris, 23 mars 1823.

Monsieur et très respectable ami,

Un ancien ami et bienfaiteur de M. l’abbé Carron doit partir incessamment pour Genève, où il fixera son séjour pendant quelque temps. M. Trennaley Baronnet vous expliquera lui-même les motifs de son voyage. Il a désiré se présenter chez vous avec une lettre et je vous le recommande très particulièrement.

  1. Plus tard archevêque d’Aix (1773-1858). Il a aussi été très lié avec Joseph de Maistre.