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plus clair ? quoi de plus formel ? et nous ajouterons : quoi de plus complet ? Il y avait, en vérité, peu de chose à ajouter aux lettres du 8 juillet, et il semble bien que tel était le sentiment de M. Rouvier, puisque, en les présentant au parlement, il lui disait : « La Chambre se félicitera certainement de l’heureux résultat auquel ont abouti les négociations entre la France et l’Allemagne au sujet du Maroc, grâce aux sincères efforts de leurs gouvernemens.  » Dans un autre passage de sa déclaration, M. Rouvier se félicitait déjà que « l’accord si désirable fût enfin « réalisé.  » Il ne l’était pas encore, comme la suite l’a prouvé, et il a fallu près de deux mois de négociations, sans parler de l’intervention de nouveaux négociateurs qu’on a employés, comme des troupes fraîches, pour venir à bout de toutes les difficultés. Pourquoi cela ? Parce que les lettres échangées le 8 juillet avaient été suivies d’une déclaration par laquelle les deux gouvernemens convenaient « de faire donner au Sultan du Maroc des conseils par leurs représentans, d’un commun accord, en vue de la fixation du programme qu’il proposerait à la conférence sur les bases indiquées dans les lettres échangées.  » Et tout a été à recommencer !

Les négociations ont eu lieu dans un grand secret. Cependant, lorsque des négociations sont si longues, et qu’elles excitent par là, d’abord la curiosité, puis un peu de préoccupation, il est inévitable que le public, qui est aux écoutes, finisse par en apprendre quelque chose au jour le jour. On a su assez vite que les principales difficultés portaient sur le siège de la conférence et sur l’organisation de la police, soit à la frontière algérienne, soit même dans le reste du Maroc. On s’est cependant entendu assez vite sur le siège de la conférence. Les raisons que nous donnions, il y a quinze jours, pour que ce ne fût pas Tanger étaient trop bonnes pour ne pas faire impression sur le gouvernement allemand. Il a renoncé à Tanger : la conférence se réunira à Algésiras. On s’est entendu moins aisément sur l’organisation de la police. Nous avouons avoir été très étonné quand nous avons appris que l’Allemagne hésitait à admettre que la question de la police sur la frontière algérienne était déjà réglée ne varietur, et que la conférence n’avait rien à y voir. Que signifiaient donc les assurances qui nous avaient été données dans les lettres du 8 juillet ? Si, à ce moment, nous avions eu le moindre doute sur l’interprétation à y donner, nous n’aurions pas été plus loin avant d’avoir demandé et obtenu des explications. Notre situation sur la frontière est depuis longtemps définie par des arrangemens que le Sultan a faits avec nous dans la plénitude de sa souveraineté, et qui