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Les Anglais, — et il faut les en louer, — sont très fiers, très jaloux, du prestige de leur représentant, et chacun des loyaux gentlemen qui met un patriotique amour-propre à en rehausser l’éclat, pense, avec infiniment de raison, que le moyen le plus efficace d’apprendre à l’indigène le respect de la race dominatrice est d’honorer publiquement, de placer au-dessus de toute discussion de coterie la personne de celui que le gouvernement a délégué pour représenter le pouvoir métropolitain. C’est le vice-roi, dont on peut résumer les droits et les devoirs en disant qu’ils lui donnent sur l’administration de l’Empire des Indes une part d’action à la fois très restreinte et cependant de première importance. Quelques détails techniques vont montrer qu’il n’y a là qu’une apparente contradiction.

Le vice-roi est assisté d’un Conseil privé, sorte de Cabinet ministériel, composé de six membres, qui se partagent les diverses catégories d’offices, et dont chacun a sous ses ordres un secrétaire faisant fonction de sous-secrétaire d’État. Toutefois, il ne faudrait pas prendre au pied de la lettre la définition que je viens de donner de ces attributions, car si les membres du Conseil privé ont la même responsabilité, la même autorité sur le personnel que des ministres, ils ne possèdent pas tous les mêmes privilèges. La différence capitale de leurs situations respectives consiste en ce que, si le vice-roi en de certaines circonstances, — telles la promulgation des lois, — a besoin du concours de son Conseil privé et si, en d’autres cas, il est obligé de prendre son avis, sa liberté de décision reste entière et peut s’exercer, quand cela lui convient, dans n’importe quelle branche de l’administration intérieure. Les conseillers privés sont donc des ministres à la façon de ceux de l’ancienne monarchie, beaucoup plus qu’à la manière actuelle. Le vice-roi règne et gouverne.

Parmi les six conseillers privés dits « ordinaires, » trois appartiennent au Civil Service, le quatrième est un officier général auquel est départi le War Office ; ces quatre conseillers doivent compter au moins dix années de séjour effectif dans l’Inde. Le cinquième, chargé du département législatif, est un Barrister et doit en posséder le brevet depuis cinq ans au moins. Le sixième est un ingénieur qui, naturellement, dirige les travaux publics.

Les gouverneurs des présidences, ainsi que le généralissime des troupes de l’Inde, sont membres « extraordinaires » du