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JULIEN L’APOSTAT


Julien l’Apostat, par M. Paul Allard, 3 volumes. Paris, 1900-1902 ; la Mort des dieux, ou le Roman de Julien l’Apostat, 1 vol. par M. Dmitry de Merejkowsky, traduction de Jacques Sorrèze.


L’empereur Julien est une figure curieuse et originale qui, à travers les jugemens les plus divers portés par les historiens et les philosophes[1], a toujours captivé les imaginations. Après être demeuré de longs siècles sous l’anathème dont l’avaient chargé saint Grégoire de Nazianze et saint Cyrille d’Alexandrie, et avoir représenté aux yeux de vingt-cinq générations chrétiennes « le Dragon, l’Apostat, l’Assyrien, le Grand Esprit, l’Ennemi commun de tous les hommes, qui avait proféré et exécuté contre le Très-Haut d’innombrables impiétés, » il est devenu, lorsque la foi s’est faite moins naïve et la critique plus précise, l’objet d’études sérieuses et approfondies à la suite desquelles les appréciations se sont modérées.

Deux ouvrages parus simultanément, ceux de M. Paul Allard et de M. Merejkousky, remarquables tous deux, l’un par l’effort qu’il représente, l’autre par son succès, viennent de ressusciter encore une fois la physionomie de cet homme attachant à tant de titres : par l’originalité de son caractère, par l’intensité de sa nature morale, par l’inachevé de sa vie, et qui, dans la lutte formidable soutenue durant trois siècles contre la religion chrétienne, a représenté le dernier effort de l’hellénisme mourant.

Toutes nos préférences vont à celle des deux œuvres qui a

  1. On trouvera à la fin du livre de M. Randall, The Emperor Julian, Londres, 1889, la nomenclature complète des travaux publiés, au cours des trois derniers siècles, sur Julien l’Apostat, en France, en Angleterre et en Allemagne.