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des avantages économiques les sacrifices qu’ils pourraient être amenés à faire au point de vue militaire.

Quant aux conséquences de l’échange, il les a singulièrement exagérées. Il s’en faut de beaucoup que ses prévisions à cet égard se soient réalisées ; lui-même, chose curieuse, s’est chargé de leur donner un démenti, en exposant dans une note l’état de l’industrie métallurgique dans les bassins réunis de Longwy et Villerupt. Des données statistiques de cette note empruntées à un rapport officiel remontant à 1887, il résulte, en effet, que la production métallurgique, dans ces bassins, s’est accrue dans des proportions considérables de 1869 à 1886. D’après d’autres renseignemens, également officiels, publiés en 1900 et figurant dans la même note, la production minière des bassins de Longwy et Villerupt représentait, en 1899, plus de la moitié de celle du département de Meurthe-et-Moselle, qui était elle-même de plus des quatre cinquièmes de celle de la France entière.

Les données suivantes, qui nous ont été communiquées récemment par des métallurgistes lorrains éminemment compétens, sont encore plus significatives dans le même sens.

Le territoire lorrain retenu par les négociateurs français au Sud-Est de Longwy, avant la signature de la paix, est de 5 000 hectares environ (5 195 d’après le colonel Laussedat), sur lesquels on compte 2 400 hectares de surface de gisement minier (bassin de Villerupt : Tiercelet, Hussigny, Villerupt, Thil et Crusnes) contenant 200 millions de tonnes de minerai, soit 83 000 tonnes environ par hectare. D’autre part, le territoire lorrain rétrocédé à l’Allemagne à titre d’échange avec le territoire de Belfort est d’à peu près 10 000 hectares. Si l’on observe la proportion précédente entre la surface totale du territoire et celle du gisement minier qu’il contient, ces 10 000 hectares correspondent à 4 800 hectares de gisement. Bien que la contenance des gisemens de la Lorraine annexée ne soit dans l’ensemble que de 51 000 tonnes par hectare, nous admettrons que la partie rétrocédée ait le même rendement que le bassin de Villerupt, soit 83 000 tonnes par hectare ; il s’ensuit que les 4 800 hectares de gisemens rétrocédés à l’Allemagne contiennent 400 millions de tonnes, c’est-à-dire le double seulement du rendement du bassin de Villerupt. Les 43 000 hectares de gisemens de la Lorraine annexée produisant 2 200 millions de tonnes, le rendement de la partie rétrocédée par échange est compris entre le cinquième