Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES


L’ŒUVRE DU VENT


La mer bout ; l’écume saute ;
Chaque lame ferme et haute
Se dressant
Comme un étalon se cabre,
Jette son appel macabre
Et puissant.

L’ouragan dur au pilote
Hurle implacable ou sanglote
Soucieux ;
Et plus d’un char pulvérise,
Tourbillonnant dans la brise,
Ses essieux.

De fantastiques cavales
Bondissent par intervalles
Dans les airs.
Comme un marteau sur l’enclume
Leur galop sonore allume
Mille éclairs.

C’est le vent, le vent rapace,
Qui se lamente et qui passe
Égaré,
Clamant ses fatals mensonges
Par l’espace où tant de songes
Ont erré.