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Louis-Philippe, renferme de précieux, il faudrait dresser un véritable catalogue. Dans tout le château, l’art du XVIIe et celui du XVIIIe siècle sont représentés de la façon la plus brillante. Quoi de plus charmant, pour ne citer que cet exemple, que le décor, même tronqué, de la chambre de la Reine ou que les boiseries de l’appartement du Dauphin dues à Verbeckt, dont l’œuvre, l’une des plus considérables et des plus précieuses du règne de Louis XV, a été particulièrement signalée naguère par MM. de Nolhac et Pératé comme celle d’un remarquable artiste qui « au service d’une main experte mettait un esprit si aimablement inventif. » Est-il rien de plus ingénieusement joli que ces dauphins qui sont les motifs d’appui de la grande glace et au-dessus desquels jaillissent, en bouquets, des gerbes de roseaux, mêlés de roses, dont sortent des tritons ? Au plafond, s’ébattent des cygnes, des nymphes sortent des eaux, tandis qu’aux quatre angles de cette chambre à coucher, d’une si concordante et gracieuse harmonie, se détachent des médaillons d’or ornés de rustiques emblèmes des saisons et que des coqs aux ailes éployées chantent un réveil qui, dans un tel cadre, ne pouvait qu’être agréable.

Peut-être objectera-t-on qu’après l’ouverture du musée du pavillon de Marsan, qu’avait précédée celle des salles du mobilier national, un autre musée d’art décoratif risquerait de faire double emploi avec ces deux créations. Il serait plus exact de dire que, depuis l’inauguration du Musée des arts décoratifs, les salles du mobilier national, dans ce même palais du Louvre, offrent, pour l’étude des arts de l’ameublement, beaucoup moins d’utilité qu’auparavant, puisque le nouveau musée, dès maintenant l’un des plus beaux de l’Europe, abonde en objets d’art, en documens de toute nature, aussi rares qu’admirablement choisis. Mais ce qui est plus vrai encore, c’est que le musée des arts décoratifs, à Versailles, aurait un caractère tout différent de celui qui existe à Paris. Si bien aménagées qu’elles soient, les salles du mobilier national, au Louvre, ne laissent guère d’autre impression que celle d’un somptueux magasin, d’un riche garde-meuble, où sont mis en réserve, un peu au hasard, des objets d’un prix inestimable, mais parfois fort disparates. Quant au nouveau musée du pavillon de Marsan, il est, avant tout, destiné à fournir les élémens d’une étude comparative des diverses périodes, non seulement pour l’art