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LA
RESTAURATION DE VERSAILLES
ET SON AVENIR


I

Lorsque Louis-Philippe inaugura le musée de Versailles, il put croire, et ses apologistes ne se firent pas faute de le lui répéter, qu’il avait doté la ville où il l’instituait d’un caractère nouveau et définitif. Il n’en était rien ; à cette création devait survivre le Versailles de Louis XIV, « celui de la réalisation passagère, mais incomparable, d’une idée et d’un régime, » — tout le reste n’ayant été, tant sous Louis XV que sous Louis XVI, que décadence et accommodement[1]. Bref, si Versailles, avec son musée, devait conquérir un supplément de droits au titre de « ville de l’histoire, » il ne cessa pas de demeurer la plus puissante image extérieure qui subsiste d’un temps et d’une monarchie, dont il garde l’empreinte jusqu’en ses moindres pierres.

Cette double constatation fournit une facile réponse à la question : « Que doit-on faire de Versailles ? »

S’il faut, par d’intelligentes innovations ou d’heureuses réformes, ajouter le plus possible à l’intérêt d’un musée historique, qui a toujours obtenu auprès de ses visiteurs un succès qui se renouvelle avec eux, une chose importe davantage ; c’est de soustraire à de nouvelles atteintes, pour ne pas dire à de nouvelles mutilations, cet exceptionnel domaine, situé aux portes de Paris,

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1904 et du 1er avril 1905.