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peut tout au plus, par ce procédé, agir indirectement sur la volonté du malade en la libérant, en supprimant une mauvaise habitude polygonale qui fait échec à cette volonté. Mais il faut, pour le succès, que le sujet ait conservé une volonté saine et forte qui agit dès qu’elle n’est plus combattue par l’impulsion automatique mauvaise.

Mais si, comme cela arrive le plus souvent, l’alcoolique est un faible, à psychisme supérieur sans résistance ni énergie, si on veut chercher à accroître la force de sa volonté et de son moi raisonnable devant les tentations du poison, il faut se garder de désagréger les deux ordres de psychisme par l’hypnose, il faut s’adresser à l’entier psychisme du sujet et amener par des raisonnemens, par des conseils moraux et hygiéniques, son centre O à reprendre la direction des actes, à résister aux insinuations du polygone.

Donc, quand on emploie l’hypnotisme dans certains cas d’alcoolisme, de morphinomanie, de dipsomanie, de toxicomanie, ce n’est pas pour exalter la volonté du sujet, mais pour supprimer le trouble polygonal morbide qui empêche sa volonté de s’exercer régulièrement. Dans tous les autres cas, quand il y a indication à fortifier la volonté, à accroître l’influence des centres psychiques supérieurs, c’est à la psychothérapie supérieure et non à la suggestion qu’il faut s’adresser.

Car, — et ceci résume et justifie cet article, — si les deux psychothérapies ont, l’une et l’autre, une action curative psychique, elles diffèrent, l’une de l’autre, en ce que la supérieure fortifie et l’inférieure affaiblit l’unité et la force du moi supérieur, conscient et libre.

Dr J. Grasset.