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Ainsi nous y ferons attention, nous l’analyserons volontairement, nous la discuterons, nous la raisonnerons, nous en parlerons, nous en écrirons, nous lui conformerons nos actes, nous lui soumettrons le plus possible notre vie volontaire tout entière.

« S’affirmer une idée, dit Lévy, se répéter cette affirmation, c’est, en cumulant ainsi sur elle l’attention, en la maintenant ainsi avec complaisance dans l’esprit, lui donner la vitalité nécessaire pour réapparaître des bas-fonds où elle sommeillait à la pleine lumière de la conscience. Par là, l’assentiment stérile que nous lui accordions se transformera en une croyance ferme et féconde ; par là, elle acquerra une telle force d’expansion qu’elle aboutira presque fatalement à sa réalisation effective. »

C’est ainsi, par la « réflexion méditative » sur une idée que, dit Payot, nous pouvons « imposer par la force » l’idée à qui nous voulons assurer la victoire de façon qu’elle soit à son tour le point de départ d’une nouvelle direction de la pensée.

Inversement, si nous voulons affaiblir, diminuer, effacer, faire disparaître une idée ou une sensation, nous devons faire volontairement l’inverse de ce que je viens de dire : c’est-à-dire ne faire aucun acte en rapport avec cet état psychique, n’en jamais parler, n’en jamais écrire, ne pas le discuter, ne lui soumettre aucune phase de notre vie, le dédaigner, n’y attacher aucune importance, nous comporter toujours et partout comme s’il n’existait pas.


En somme, ces deux principes se résument dans cette phrase de Payot : « Je n’ai de puissance sur ma pensée que parce que je suis maître de mes muscles. »

Par les actes moteurs qui sont volontaires on peut faire naître et accroître ou affaiblir et faire disparaître une idée, une sensation, une émotion, un état psychique qui par lui-même échappe à l’action directe de la volonté.

On voit tout de suite les applications possibles de ces principes au traitement psychique de certains malades.

Le malade a une idée, une sensation, une émotion maladives ; il faut tenter de les faire disparaître. On ne doit pas essayer de le faire directement, de lutter par sa volonté contre ces états psychiques morbides qui s’imposent à lui. Mais on peut essayer indirectement, en dirigeant ses actes moteurs, d’affaiblir et de