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Si le centre O est profondément atteint, s’il croit à son délire, s’il admet la complète réalité de son hallucination ou de son idée fausse, la psychothérapie la plus avertie n’obtiendra rien ou n’obtiendra que peu de chose.

Dans l’exemple cité plus haut de la malade aux hosties, je n’espère quelque résultat de la psychothérapie que parce que la malade proclame elle-même que son hallucination n’est pas réelle et complète ; elle sait que l’hostie n’existe réellement pas sur sa robe. Son centre O raisonne donc juste ; seulement il est trop faible pour imposer sa raisonnable manière de voir et son polygone, affolé par l’idée obsédante, détermine la malade à se laver ou à se confesser pour effacer le sacrilège, que O sait cependant ne pas exister.

Dans ce même psychisme anxieux s’il y a vraie folie du doute, si O est assez malade pour croire à la réalité du phénomène morbide, la psychothérapie est à peu près inutile.

De là, cette conclusion que la psychothérapie supérieure n’est pas le traitement des psychoses vraies et complètes ; ce n’est pas le traitement des fous internés. C’est au contraire le traitement de choix de ce que Dubois appelle les psychonévroses, états caractérisés par la débilité mentale, la facilité de désagrégation sus-polygonale, l’instabilité mentale de Duprat, l’abdication facile de O et la prédominance fréquente du polygone…

Ces limites d’action font prévoir qu’il y a même des cas dans lesquels la psychothérapie supérieure devient un moyen inefficace et dangereux.

Ainsi les raisonnemens mal dirigés des familles ou des gens du monde contre certains délires invétérés et profonds peuvent faire beaucoup plus de mal que de bien. Nous avons tous vu des aphasiques et des ataxiques qui surmenaient leurs centres psychiques supérieurs par des exercices de rééducation exagérés pour la force de leur O.

Sous le bénéfice de ces réserves, on peut dire que la psychothérapie supérieure a pour but et pour indication la culture et le développement, l’accroissement et le perfectionnement de la volonté, de la maîtrise de soi, de l’unité morale, du moi, de la personnalité normale et complète…


Par quels moyens le médecin peut-il essayer d’obtenir ces