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sa fonction. L’enfant devient malade (obsession polygonale) ; le pédagogue, devenu impuissant, le confie au pédiatre ; celui-ci le guérit et le rend au pédagogue qui lui fait passer son examen.

La suggestion a donc fait œuvre médicale de pédiatrie et nullement œuvre directe, extramédicale, de pédagogie.

Il me semble qu’ainsi les malentendus sont dissipés et que s’expliquent les mots graves échangés entre des hommes d’égale et de haute valeur comme Bernheim et Desjardins.

Desjardins trouve folle la prétention d’un médecin qui veut devenir pédagogue et Bernheim trouve outrecuidante la prétention d’un jurisconsulte qui veut nier les applications pédiatriques de la suggestion. Ils ont raison tous les deux et la suggestion a des indications chez les enfans comme chez les adultes malades ; en supprimant chez eux des troubles nerveux fonctionnels qui gênent leur développement psychique, elle aide à leur éducation, elle la rend possible et devient ainsi indirectement éducatrice et moralisatrice.

C’est de la même façon qu’interviendrait dans l’éducation et la moralisation d’un enfant un médecin qui guérirait chez lui une fièvre typhoïde ou une pneumonie au milieu d’une année scolaire.


III

Tout autre dans son but, ses indications et ses contre-indications, son mécanisme et ses procédés est la psychothérapie supérieure.

Ne s’adressant qu’au seul psychisme inférieur, la psychothérapie inférieure ne peut atteindre qu’un polygone désagrégé ; elle ne s’adresse nullement à O et accentue, plutôt qu’elle ne guérit, la séparation des deux psychismes.

La psychothérapie supérieure au contraire, loin de séparer les psychismes pour modifier l’un d’eux, s’adresse à l’ensemble des psychismes, fortifie leur union et leur collaboration, cherche à accroître la force de O et son influence sur l’entière vie du sujet.

Une vieille fille, catholique, est atteinte de psychisme anxieux ; elle doute et souffre depuis longtemps d’un symptôme qu’elle décrit ainsi : « J’ai, dit-elle, l’idée fixe, l’obsession de voir l’hostie partout. J’en découvre sur tous mes vêtemens, sur les