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thérapeutiquement l’hypnotisme dans un cas donné, il faut juger que les inconvéniens liés pour le malade à un excès de suggestibilité ne sont pas comparables à ceux que lui font éprouver certains troubles tels que l’aphonie, la paralysie, la contracture par exemple auxquels on a affaire et dont on peut espérer le débarrasser par ce procédé.

Même réduite à ces proportions modestes, l’action thérapeutique de la suggestion n’est pas à dédaigner et il y a lieu de la rechercher dans bien des cas où tous les autres moyens sont inefficaces.


Voici, pour terminer ce chapitre, un exemple qui illustrera mes conclusions et montrera les limites et l’action de la psychothérapie inférieure. Je l’emprunte à Stadelmann.

Un collégien de dix-sept ans, très studieux et bon élève, change brusquement, devient paresseux, distrait, le dernier de sa classe ; il veut même quitter le collège malgré tous les efforts des pédagogues pour le retenir et le corriger. Quelques symptômes physiques (céphalée, palpitations, etc.) s’étant manifestés, on consulte un médecin qui découvre une idée fixe, cause de tout le mal : l’amour d’une jeune fille qui dominait toutes les pensées du jeune homme et le détournait de tout le reste ; « bien qu’il se rendît compte de la folie de sa conduite, il ne pouvait s’affranchir de son obsession. » On l’endort ; on lui suggère d’oublier son idée obsédante et de concentrer son attention sur ses études. Après un petit nombre de séances, il est tout à fait guéri et passe son examen avec d’excellentes notes.

Le service rendu est ici indiscutable et l’inconvénient de ces hypnoses passagères et peu nombreuses est insignifiant. Comment a-t-on agi dans ce cas ? Uniquement sur le polygone du sujet où était fixée l’idée obsédante parasite.

On a donc fait de la pédiatrie ; on a guéri un enfant malade. On n’a fait ni pédagogie ni éducation.

La suggestion n’a rien appris au sujet, elle n’a pas augmenté son fonds moral, elle n’a pas fortifié sa volonté, ni développé son intelligence. Elle a simplement supprimé un obstacle morbide qui était venu enrayer son développement psychique général.

L’hypnotiste ne s’est pas substitué au pédagogue et n’a pas fait acte de pédagogue.

Tant que l’enfant a été bien portant, le pédagogue a rempli