Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’hypnotisme crée ou accentue la désagrégation suspolygonale. Il ne facilite donc pas le retour à cette unité normale dans laquelle O et le polygone collaborent physiologiquement. Il ne tend pas à reconstituer la personnalité normale et saine de l’individu : au contraire, il la disjoint et habitue le polygone du sujet à obéir plutôt au centre O de l’hypnotiseur qu’au sien propre.

C’est pour cela que l’hypnotisme est souvent un révélateur de l’hystérie. C’est pour cela que l’hypnotisme des représentations et des théâtres peut faire naître des dangers et doit être interdit.

En somme, l’hypnotisme diminue l’unité normale de la personnalité du sujet et facilite sa disjonction par désagrégation sus-polygonale.

Il est donc impossible de voir, avec Berillon, dans l’hypnotisme un « agent moralisateur et réformateur » des enfans pervers, un agent d’« éducation systématique de la volonté. »

Si Berillon obtient de très beaux résultats dans certains cas, c’est qu’il fait de la pédiatrie et non de la pédagogie. Il traite et guérit des malades, chez lesquels il y a des troubles polygonaux morbides qui gênent et entravent, chez l’enfant, le libre et normal exercice de la volonté et de la haute direction morale de O.

Il combat et détruit cet obstacle, cette mauvaise habitude polygonale par l’hypnotisme ; ce qui est tout à fait dans le rôle et les attributions ordinaires de l’hypnotisme : action polygonale, action sur le polygone désagrégé. Et il rend ainsi sa liberté à O, il libère O des entraves apportées par la maladie, il permet à O de reprendre la direction normale et physiologique de l’entier psychisme.

Mais il n’a pas agi directement sur la volonté ni sur le sens moral. Une volonté ou un sens moral qui n’auraient d’autres racines dans l’esprit qu’une ou plusieurs suggestions n’auraient aucune consistance, n’existeraient pas.

C’est bien ce sens médical de la suggestion que prévoyait Durand de Gros (un précurseur dans cette question), quand il disait en 1860 : « Le braidisme nous fournit la base d’une orthopédie intellectuelle et morale, qui certainement sera inaugurée un jour dans les maisons d’éducation et dans les établissemens pénitentiaires. » Dans les établissemens pénitentiaires, oui, parce