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place, ni entrer dans une église ou au théâtre. Le médecin lui démontre et lui fait admettre qu’il peut tout cela s’il le veut.

Voilà la psychothérapie par la persuasion.

D’après Liebeault, Pascal se guérit un mal de dents atroce en s’appliquant à résoudre le problème de la courbe cycloïde ou roulette ; et Kant, sujet à des palpitations et souvent oppressé, se guérissait en transportant son attention sur un travail de tête appliquant. Padioleau, en avançant l’heure de la pendule, fait disparaître chez une femme une fièvre « par cause morale, » dont les accès revenaient toujours à quatre heures de l’après-midi. « Hack Tuke raconte de lui-même qu’ayant à subir l’extraction d’une dent, il arriva à ne sentir presque aucune douleur en s’efforçant de se représenter des idées riantes. »

Voilà la psychothérapie par la distraction.

Un hystérique a une paralysie du bras ou une insensibilité avec contractures d’une jambe : le médecin l’endort ; dans l’hypnose, il lui suggère qu’il peut remuer son bras, que sa jambe est guérie et que ce résultat se maintiendra au réveil et définitivement. Les choses se passent en effet ainsi.

Voilà la psychothérapie par la suggestion.

Un enfant a de mauvais instincts ; il est méchant et paresseux. L’instituteur, le prêtre, le médecin (tous les trois parfois) développent son sens moral, lui montrent le but élevé qu’il faut poursuivre dans la vie, fortifient ses facultés psychiques supérieures, en font un jeune homme bien élevé et moral. Un ivrogne ou un morphinique est corrigé par un conseiller prudent et intelligent qui lui fait peu à peu comprendre les dangers de ce vice et les belles choses qu’il pourra encore entreprendre en se corrigeant. Un ataxique qui marche mal, un aphasique qui par le mal, réapprennent à marcher et à parler en suivant longuement et scientifiquement des conseils médicaux. Un tiqueur est corrigé de ses tics par des procédés analogues.

Voilà la psychothérapie par l’éducation.

Enfin je crois pouvoir, sans blesser les convictions de personne, mettre la foi et la prédication religieuse dans les procédés de psychothérapie. D’abord chacun peut n’appliquer la chose qu’aux religions autres que la sienne, et puis les catholiques eux-mêmes (les plus sévères en pareille matière) ne veulent plus compter parmi les miracles les guérisons de névrose pure ; ils admettent donc bien que, dans certains cas au moins, la foi et la