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que nos descendans, des droits que nous tenons de notre naissance ; et la réponse à jamais mémorable de Votre Majesté ainsi que la déclaration solennelle que nous avons tous déposée entre vos mains l’année dernière, ne permettent à personne de douter de notre ferme résolution, de maintenir jusqu’à notre dernier soupir vos droits, Sire, et les nôtres, et de ne jamais transiger à cet égard. Toutes les fois que Votre Majesté pourra croire avantageux à son service que je réitère cette déclaration, Elle me trouvera toujours heureux et empressé de le faire ; et j’affirme qu’aucun acte, émané de moi, ne m’empêchera jamais de pouvoir la répéter à tous les instans de ma vie.

« Mais, Sire, si ne me rappelant que les bontés dont vous m’honorez et la confiance que vous daignez me témoigner en m’appelant auprès de vous dans cette circonstance, j’osais entrer dans quelques détails, et exprimer une opinion sur ce dont Votre Majesté est bien plus capable de juger que personne, je dirais que ce qui me frappe comme le point le plus important, c’est d’empêcher le monde de croire que les derniers événemens aient fixé la couronne dans la famille de Buonaparte, et nous aient privés désormais de toute occasion de faire valoir nos droits. Ce qu’il me paraît donc important d’établir, c’est que non seulement les nouveaux ti 1res de Buonaparte, et la reconnaissance honteuse qu’en ont faite la plupart des souverains, n’ont pu porter aucune atteinte à vos droits et aux nôtres, Sire, mais qu’ils n’ont donné aucun droit quelconque à Buonaparte ; que son prétendu caractère impérial ne peut être qu’une dignité viagère, comme son consulat ; que ni la France, ni l’Europe ne peuvent compter sur sa permanence et sa durabilité ; parce que, comme tous ceux qui l’ont précédé, ce n’est qu’un gouvernement de facto et non pas de jure, et qu’il n’y a de solides que les gouvernemens appuyés sur ces deux bases ; que le gouvernement impérial de Buonaparte ne diffère donc pas, dans son essence, de son gouvernement consulaire, mais seulement par le ressort que ce changement de forme ajoute à sa puissance ; que le gouvernement impérial est encore une des phases de la révolution, et qu’il est au moins aussi dangereux par sa nature (et beaucoup plus par l’augmentation de sa puissance) pour les souverains et gouvernemens légitimes que tous ceux qui l’ont précédé en France, depuis la révolution, sans cependant (et c’est au moins une circonstance heureuse), sans avoir, aux yeux des républicains modernes, d’autres avantages