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sûrs garans du parti qu’Elle prendra, et du refus formel que j’ose solliciter de sa part.

« Je supplie Votre Majesté de me pardonner la démarche que je fais sans qu’Elle l’ait provoquée : je compte sur sa bonté et j’espère qu’Elle ne me blâmera pas d’avoir cru que je me la devais à moi-même comme chef de branche, que je la devais au sang d’Henri IV qui coule dans mes veines, au Comte de Beaujolais et aux autres princes mes cadets. »

Après avoir lu cette lettre dont celle de Monsieur lui a donné la clef, le Roi prend connaissance des supplications du Duc de Montpensier où éclatent la sincérité de son amour et l’ardeur de sa jeunesse. Elles sont éloquentes et pressantes.

« Sire, quoique je connaisse tout le prix de la faveur que j’ose solliciter de Votre Majesté, me serait-il nécessaire de l’assurer que je n’eusse jamais songé à l’obtenir si je l’avais que de nature à porter la moindre atteinte à l’honneur et aux prérogatives de sa maison ? Si Votre Majesté pouvait entretenir quelque doute à cet égard, la bonté avec laquelle Monsieur a daigné se charger de mes sollicitations auprès d’Elle, serait, je crois, une justification bien complète de mes intentions.

« Sire, j’ose assurer Votre Majesté que l’honneur de lui appartenir et d’être du sang d’Henri IV ne cessera jamais d’être présent à mon esprit et à mon cœur et que je brûle d’avoir une occasion de lui en donner des preuves ; mais je n’ai jamais pu croire que ce fût dégrader ou avilir ce sang, que de lui allier une des plus anciennes et des plus illustres familles d’Angleterre.

« J’attends, au surplus, avec la soumission la plus respectueuse et la plus profonde, la décision que Votre Majesté daignera prononcer à cet égard. »

Ces accens émeuvent le Roi. Jamais peut-être il n’a tant déploré la rigueur des devoirs qui l’enchaînent. Mais, incapable de transiger sur les siens, il ne saurait davantage consentir à ce que ceux qui incombent à autrui soient oubliés ou méconnus. Il le dit nettement au Duc de Montpensier en enveloppant son arrêt des formes les plus bienveillantes.

« Mon frère m’a transmis à votre prière, mon cher cousin, la demande que vous me faites de mon agrément pour épouser lady Charlotte Rawdon et, depuis, il m’a fait passer votre lettre sur le même sujet. Je voudrais dans tous les temps et surtout dans celui-ci, n’avoir qu’à accéder aux vœux des princes de mon