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le Duc de Montpensier et le Comte de Beaujolais étant arrivés à Londres, leur frère les conduit sans délai chez Monsieur qui les reçoit aussi affectueusement qu’il a reçu leur aîné. Il coupe même court aux explications qu’ils commencent à lui donner sur leur conduite passée.

— Il me suffit de savoir, leur dit-il, que vous pensez comme votre frère. Le Roi sera heureux de l’apprendre. Hâtez-vous donc de lui donner, en lui adressant votre acte de soumission, la satisfaction et la liberté de vous traiter en parens.

Quelques heures plus tard, il reçoit la lettre destinée au Roi, signée des trois princes d’Orléans. Elle est datée de Londres, du 16 février et est ainsi conçue :

« Sire, nous venons nous acquitter envers Votre Majesté d’un devoir dont le sentiment est, depuis longtemps, dans nos cœurs ; nous venons lui offrir le tribut d’hommages de notre inviolable fidélité. Nous n’essayerons pas de peindre à Votre Majesté le bonheur dont nous jouissons de pouvoir enfin lui manifester notre respectueux et entier dévouement à Son Auguste personne non plus que la profonde douleur que nous ressentons que des circonstances à jamais déplorables nous aient retenus aussi longtemps séparés de Votre Majesté et nous venons la supplier de croire que jamais, à l’avenir, elle n’aura lieu de s’en souvenir. Les assurances pleines de bonté qu’Elle a daigné nous faire donner à plusieurs reprises nous ont pénétrés da la plus vive reconnaissance et auraient redoublé notre impatience s’il eût été possible de l’augmenter. La grande distance où nous nous trouvions et l’inutilité des tentatives réitérées que nous avons faites pour revenir en Europe sont les seules causes qui aient pu en retarder l’expression. Sachant, Sire, que la volonté de Votre Majesté est que nous lui offrions en commun le serment solennel de notre fidélité, nous nous empressons de nous réunir pour la supplier d’en accepter l’hommage. Que Votre Majesté daigne croire que nous ferons consister notre bonheur à la voir convaincue de ces sentimens et notre gloire à pouvoir lui consacrer notre vie et verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour son service.

« Nous vous supplions, Sire, de nous permettre d’ajouter combien nous avons été pénétrés de l’accueil touchant que Monsieur a daigné nous faire. Nous en conserverons toujours un souvenir profond et nous regardons comme un grand bonheur