Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
RÉCONCILIATION DE FAMILLE
EN 1800
(RÉCITS DES TEMPS DE L’ÉMIGRATION)[1]


I

Au commencement de l’année 1800, à la suite de pénibles aventures, sur lesquelles il n’y a pas lieu de revenir ici, et après un long séjour aux États-Unis, Louis-Philippe, Duc d’Orléans, débarquait en Angleterre avec ses deux frères le Duc de Montpensier et le Comte de Beaujolais. Quelques jours plus tard, il arrivait en leur compagnie à Londres où tous trois avaient résolu de se fixer. Ils espéraient que leur mère Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, veuve de Philippe-Égalité, réfugiée en Espagne, et leur sœur, Madame Adélaïde, qui résidait alors à Presbourg, viendraient les rejoindre. Ils pourraient ainsi reconstituer à l’étranger le foyer familial qu’avait détruit la Révolution, en attendant que des circonstances plus heureuses leur permissent de le transporter dans leur patrie d’où ils étaient encore bannis.

L’aîné des trois frères avait à cette époque vingt-sept ans, le cadet vingt-cinq, et le plus jeune vingt et un. Les deux derniers étaient de santé frôle ; leur jeunesse ne le cachait qu’imparfaitement. Déjà se trahissait en eux la maladie dont ils devaient

  1. D’après des documens inédits.