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le contraire, puisqu’il se refuse, parait-il, décidément à nous accorder la satisfaction que nous avons exigée de lui. Loin de nous l’intention de tirer parti de l’incident pour rien obtenir au-delà de ce qui nous est dû, mais nous ne resterons pas en deçà. Comment ne pas ajouter que c’est la première fois, au moins depuis de longues années, que le Sultan ose témoigner envers une puissance européenne d’un pareil dédain, nous allions dire d’un pareil mépris des privilèges que les traités et les traditions lui attribuent, sans conteste ? Il faut que la situation soit bien troublée pour que de pareils faits se produisent, et elle serait absolument perdue s’ils pouvaient le faire avec impunité. Le mal est si grand que les conseils mêmes de M. de Tattenbach n’ont pas eu jusqu’ici plus de prise sur l’esprit obstiné du Sultan que nos revendications les plus sérieuses. Nous avons voulu introduire un peu d’ordre, un peu de sécurité au Maroc. L’Allemagne n’a pas accepté nos procédés ; elle a cru en avoir de meilleurs, on voit les résultats. Il serait urgent de dénouer une situation qui se complique, s’embrouille et se tend chaque jour davantage. Par malheur, l’Allemagne n’a proposé jusqu’ici que la conférence, et elle ne prend pas le plus court chemin pour y arriver.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.