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difficultés. Pour qu’il ait, à toute force, alors même que leur connaissance était si récente, et avec une précipitation qui étonna, voulu épouser une jeune fille qui n’était ni de sa religion, ni de son pays, et qu’on lui refusait, il fallait qu’il y eût une raison. Il y en avait une : c’est qu’il l’aimait… Seulement, il éprouvait quelque embarras à en convenir tout de suite vis-à-vis de ceux qui avaient été les confidens de son grand amour pour Elvire, et dans un temps où il était convenu qu’on n’aime pas deux fois.

Au surplus, les épisodes de la vie d’un écrivain n’ont de valeur et ne prennent de signification que par le retentissement qu’ils ont dans son œuvre. Si l’image de Marianne-Elisa ne faisait que se laisser deviner dans les Méditations, elle occupe une très large place dans les Secondes Méditations, et elle nous y apparaît enveloppée d’une chaude lumière. Ischia, les Préludes, Chant d’amour mettent dans l’œuvre du poète une note qui y manquait encore, celle de l’amour heureux. Après Graziella, après Elvire, Lamartine avait trouvé une inspiratrice nouvelle. Et c’est pourquoi nous avons pensé qu’il n’était pas sans intérêt de conter l’histoire de ce mariage, qui eut, dans la réalité des faits, toutes les péripéties d’un roman, et qui s’est traduit, en littérature, par de magnifiques vers d’amour.


RENE DOUMIC.