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du curé. Mlle Marianne pourra venir chez ma sœur changer de toilette après la cérémonie et nous partirons. Ces arrangemens me semblent aussi secrets que possible et je ne puis pas me dédire trois fois dans deux jours pour si peu de différence. D’ailleurs cela ne dépend pas de moi, mais de l’autorité ecclésiastique à laquelle il faut que je me soumette pour ces formalités qui la regardent. Je vous prie, Madame, de considérer tout cela et de vouloir bien condescendre vous-même à un arrangement si peu important et que je ne puis pas empêcher sans inconvénient et sans manquer à l’abbé d’Étiolaz.

Agréez, Madame, mon profond respect et les sentimens plus tendres qu’un titre plus cher me permettra bientôt de vous offrir.

ALPHONSE DE L.


Mme Birch ne condescendit pas. Ni l’heure matinale, ni les portes de l’église fermées, ni le silence imposé aux cloches, ni l’entrée dérobée par la maison du curé, ne lui avaient semblé des arrangemens assez secrets. Lamartine dut se dédire une troisième fois et accepter l’offre du gouverneur de Savoie. C’est en effet à la chapelle du château que le mariage fut célébré le 6 juin 1820, à sept heures du matin, par le curé de Maché, l’abbé Favre. L’acte de mariage ne mentionne que les seuls témoins : le colonel chevalier de Maistre et le chevalier Louis de Vignet. Mme de Lamartine, qui avait quitté Chambéry le 2 juin, y assistait-elle ? Le passage embarrassé et contradictoire de son Manuscrit, tel qu’il a été publié, ne permet pas de le décider.

Une cérémonie protestante fut célébrée le lendemain à Genève. Elle était parfaitement inutile, et elle surprend un peu : Mlle Birch avait fait son abjuration, au mois d’avril précédent ; et l’acte de mariage dressé par le curé de Mâché ne mentionne aucune différence de religion entre les deux époux. Mais on aura sans doute voulu donner cette satisfaction à Mme Birch qui ignorait encore la conversion de sa fille au catholicisme.

Puis les nouveaux mariés partirent pour l’Italie.

Ils emmenaient Mme Birch.


SUR LA ROUTE DE NAPLES

On fit une halte à Turin, où Virieu était secrétaire d’ambassade ; puis on continua sur Florence.

Tout à coup le bruit de la mort de Lamartine se répand dans Paris. On lit dans les Débats du 9 juillet 1820 : « Un journal annonce aujourd’hui que M. Delamartine, auteur des