- Alors j’entonnerai l’hymne de ma vieillesse,
- Et, convive enivré des vins de ta bonté,
- Je passerai la coupe aux mains de la jeunesse,
- Et je m’endormirai dans ma félicité.
Tableau délicieux ! que le poète composait tout à la fois avec les souvenirs de la famille où lui-même avait grandi et avec les espérances dont son cœur débordait.
Le contrat fut signé le 25 mai.
Mme Birch donnait à sa fille, en dot, 10 000 livres sterling placées sur les fonds publics anglais, dont le revenu continuait à lui appartenir, sauf 3 500 francs à Lamartine et 1 500 francs à sa femme. Le père de Lamartine lui donnait Saint-Point, évalué à 100 000 francs, pour en jouir dès le 11 novembre suivant, à la charge de payer 24 000 francs à chacune de ces deux sœurs, Eugénie de Coppens et Césarine de Vignet. Ses oncles et tantes lui donnaient l’hôtel de la famille situé rue Solon, à Mâcon, et une somme de 125 000 francs, le tout, sauf 10 000 francs, n’étant payable qu’après le décès des donateurs. La fortune de Lamartine était donc au moins égale à celle de sa femme, et leur situation à tous deux des plus modestes.
La cérémonie du contrat se fit avec une certaine solennité. Elle eut lieu à Pugnet, près de Chambéry, dans le château de Caramagne que les dames Birch habitaient avec la marquise de la Pierre. C’est une maison avec des terrasses à l’italienne, d’où la vue s’étend sur toute la vallée de Chambéry, et jusqu’aux premières eaux du lac du Bourget. Mme de Lamartine y assistait, ainsi que Mme Birch. Les témoins furent : le chevalier de Montbel, le chevalier de Maistre, Rodolphe-Amédée comte de Maistre, Louis de Vignet. Signèrent ensuite : la marquise de la Pierre, ses quatre filles, Suzanne de Lamartine et Mlle Olympe de Vignet.
Lamartine conte à ce sujet une anecdote dont Joseph de Maistre est le héros. « Le comte Joseph de Maistre fut choisi par mon père absent pour le représenter au contrat et pour me servir ce jour-là de père… Le comte d’Andezenne, général piémontais, gouverneur de Savoie, servait de père à ma fiancée. On lut le contrat et l’on appela les témoins à la signature. Le gouverneur de la Savoie fut appelé le premier, par sa qualité de père