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aucun doute, aurait été que le roi de Suède acceptât pour un de ses fils la couronne qu’on lui offrait. Mais des considérations de convenance ou de dignité semblent avoir créé chez lui un parti pris absolu : il ne veut pas pour un des siens de la couronne dont il est dépouillé lui-même. Nous le regrettons, car il y aurait eu là le minimum de changement, et c’est ce qui vaudrait le mieux dans un temps où, lorsqu’un changement commence, on ne sait pas où il finira. L’établissement de la République serait aussi une bonne combinaison pour la Norvège, pays ultra démocratique et même fortement teinté de socialisme ; mais certaines puissances craindraient peut-être, soit que la République ne réussît pas, soit qu’elle réussît trop. Alors ? Alors, nous ne concluons pas : nous disons seulement que la question est posée et qu’elle n’est pas aussi simple qu’on avait pu le croire au premier moment.

Tout mérite attention aujourd’hui, et il faut surtout compter avec l’imprévu. On a beaucoup parlé du danger qui se produira en Autriche-Hongrie quand s’ouvrira, — et il faut souhaiter que ce soit le plus tard possible, — la succession de l’empereur François-Joseph : nous ne croyons pas à ce danger, malgré tant de prédictions pessimistes, et nous sommes convaincu qu’il ne se passera rien de ce qu’on redoute. Sans doute la situation intérieure n’en sera pas améliorée, mais la situation extérieure et internationale restera la même. En revanche, personne n’a parlé de la Norvège, ni des difficultés que sa dévolution à un prince étranger peut subitement faire naître. Qui sait s’il n’y a pas là un sujet de préoccupation ? En tout cas, il y a un problème auquel diverses puissances seront admises à proposer une solution. Demanderait-on encore une conférence pour choisir la meilleure ?


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
F. Brunetière.