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Yver (le Commerce et les marchands dans l’ Italie méridionale au XIVe siècle) ; MM. Battifol et Jordan (divers mémoires), puis, enfin, en 1904, M. Bertaux, avec sa thèse monumentale préparée par de nombreuses études dans les revues de France et d’Italie, et, tout récemment, M. Jules Gay, avec l’Italie méridionale et l’Empire byzantin. Si la lumière se répand sur ces régions mal connues et sur leur activité confuse, c’est donc, en grande partie, notre Ecole française de Rome qu’on en devra remercier. Ce sont tous ces travaux, sur divers points, de nos pensionnaires qui, joints à ceux de l’érudition locale, toujours active en Italie, ont permis l’apparition récente et presque simultanée des deux ouvrages qui nous guideront principalement dans cette étude. L’un est ce vaste essai d’ensemble historique, analytique, critique, tenté par M. Bertaux, sous le titre de l’Art dans l’Italie méridionale ; l’autre, cette claire et vive synthèse de vulgarisation, élégante et colorée, donnée par M. Venturi dans ses deuxième et troisième volumes de la Storia dell’ Arte italiana. D’autre part, on ne saurait oublier que durant, la période de ces travaux préliminaires, plusieurs récits de voyages, les uns par un archéologue notoire, doublé d’un observateur ingénieux, l’autre par un poète touriste d’une curiosité aiguë et d’une vive sensibilité, la Grande-Grèce, l’Apulie et la Lucanie de François Lenormant (1881 et 1883), et les Sensations d’Italie, de M. Paul Bourget (1891), avaient agréablement préparé le grand public des lettrés à s’occuper de cette région lointaine et de ses monumens. L’heure semble donc venue de constater les résultats acquis.

Il serait injuste, avant tout, de ne pas reconnaître ce qui a été fait, durant les mêmes périodes, en Allemagne et en Italie. En réalité, c’est l’Allemagne qui, la première, avait tracé la route à suivre et donné l’exemple des recherches scientifiques. Dès 1832, Schultz, ami de G. de Rümohr, avait entrepris l’exploration du Royaume de Naples ; il y travailla dix ans. Rappelé ensuite à Dresde, il y passa vingt-trois années à préparer la publication de son travail, mais il succomba, lui aussi, sans avoir pu l’achever. Par les soins de son frère et de Fr. Van Quast, l’ouvrage parut néanmoins en 1855. Il restera le modèle des travaux de ce genre. « On devra toujours, dit justement M. Bertaux, saluer dans Schultz un des initiateurs les plus laborieux et les plus clairvoyans de la critique moderne dans l’histoire de l’art. »