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cet idéal et d’aider les autres à y rester. Un idéal peut n’être pas atteint par tous, mais il doit demeurer toujours devant les yeux de tous. Infirmières du London Hospital, ne vous contentez pas, je vous en supplie, d’être des infirmières médiocres, des « She’ll do, » « elle fera l’affaire. » C’est la réponse que me fait quelquefois une surveillante lorsque je demande si telle ou telle commençante arrivera à quelque chose : « Oh ! elle peut faire l’affaire ! » Il nous faut ici plus que cela.

Oui, nous donnons ici la meilleure formation et nous comptons en retour sur les meilleures gardes-malades.


Cette petite phrase, à elle seule, ne donne-t-elle pas la mesure, sinon de la valeur de l’enseignement, au moins de l’idée qu’on s’en est faite ici ! Et voilà bien le système : monter le « standard » au plus haut, de façon que jamais élève ne puisse s’assurer de l’avoir atteint, ni surtout dépassé.

C’est encore la même impression qui se dégage de la lecture des ouvrages de miss Lückes, de ses lettres annuelles aux nurses du « London, » de ses différens articles. On comprend après cela que le projet conçu par d’autres, d’obtenir pour les infirmières anglaises l’institution d’un examen officiel, passé hors des hôpitaux, ne soit pas favorisé de celle-ci. Dans les réunions du C. H. C. (Central Hospitals’ Council], conseil central des hôpitaux, la question déjà plusieurs fois agitée divise l’opinion. Miss H…, directrice de Charing Cross Hospital, me confiait l’autre jour ses desiderata à ce sujet. A l’entendre, la formation professionnelle ne recevra sa véritable sanction que lorsqu’un tel examen viendra donner à l’étude du « nursing » un type unique. À ce nivellement, les écoles jusqu’ici privilégiées, mieux cotées du public, perdraient du coup leur suprématie. Le C. H. C. s’occupe aussi d’une autre mesure qui paraîtrait judicieuse, celle de la création d’un comité chargé de contrôler, par quelque moyen à déterminer, si telle ou telle nurse s’est maintenue à la hauteur de sa profession.

Mais revenons à la visite de cette vaste cité qu’est le London Hospital, le plus grand établissement hospitalier de Londres, d’Angleterre et peut-être du monde, sinon quant au nombre des lits, qui ne dépasse pas 780, du moins pour l’ensemble des services. En dehors des salles de malades, soixante environ, une buanderie qui peut blanchir 45 000 pièces de linge par semaine, de spacieux services où sont données par an 183 000 consultations externes et une école de médecine théorique et pratique