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— obligation semblable d’obéir au règlement, lever à six heures et coucher à dix heures, prières en commun deux fois le jour et service divin le dimanche, avec un seul jour de congé par mois.

On le voit, l’ensemble est d’allure conventuelle avec ses règles absolues, ses prescriptions minutieuses. Le costume même contribue à la rappeler, car on a senti la nécessité de cette marque distinctive, dans une profession si différente des carrières ordinaires de la femme. Quant à la disposition intérieure, elle paraît devoir être celle du plus grand dévouement, et le célibat ou le veuvage sont là pour la faciliter. Mais je dois ajouter que l’habitude de confortable extrême que retrouvent là les infirmières enlève à la profession quelque peu de son héroïsme. De plus, aucun engagement n’étant pris pour l’avenir, peu reculent devant la perspective de quatre années passées ainsi et, si beaucoup prennent leur « nursing » pour une vocation, beaucoup aussi, leurs stages accomplis, fondent une famille et trouvent à employer chez elles l’instruction reçue. L’hôpital Saint-Thomas a 250 nurses. Oh leur bâtit actuellement une maison nouvelle qui coûtera 79 000 livres sterling, près de deux millions.

J’ai parcouru les pavillons de l’hôpital. Vieille institution, l’aménagement s’en ressent un peu. Pas de buanderie, le linge est blanchi au dehors, et cela est défectueux. Les salles sont gaies : des fleurs encore et partout. Des troncs « pour les fleurs, » comme j’en ai vu au Royal Free. A en juger par le résultat, ils doivent être souvent remplis ! Dans un service d’enfans, jolie idée : les murs sont faits de céramique représentant les scènes les plus connues des contes dont sont bercés les bébés anglais. C’est non seulement charmant, mais hygiénique, car là du moins, exception fort rare, le revêtement tout entier peut être lavé.

Les services de consultations externes sont d’un luxe surprenant. Le traitement des maladies d’yeux se donne dans de superbes salles, où la surveillante se tient dans une sorte de case, « cubical, » dont les parois sont d’acajou verni. Les malades ne manquent pas, et les étudians non plus. L’hôpital Saint-Thomas a beaucoup d’élèves, l’organisation est la même que dans les autres écoles médicales. Ces jeunes gens publient une gazette où l’humour s’allie à la recherche scientifique. Treize internes vivent dans l’hôpital, et sont, après six mois, remplacés par d’autres. Une cinquantaine vient du dehors se faire une expérience