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été pour beaucoup dans le mauvais ménage et dans la brouille des deux royaumes qui se séparent ?) :

« 1. Il sera créé des services consulaires distincts pour la Suède et pour la Norvège. Les consuls de chacun des royaumes ressortiront à l’autorité qui, dans leurs pays respectifs, aura été désignée à cet effet.

« 2. La situation des consuls distincts vis-à-vis du ministre des Affaires étrangères et des Légations sera réglée par des lois de même teneur, qui ne pourront être modifiées ni abrogées sans l’assentiment des autorités d’État des deux royaumes. »

La Norvège fut ravie, au point que, certains de ses ministres lui paraissant suspects de quelque tiédeur, elle changea, aux élections de l’automne 1903, la majorité de la Chambre et détermina de la sorte la formation, sous la présidence de M. Hagerup, leader du parti conservateur, d’un ministère tout à fait favorable à l’arrangement. La Suède ne fut pas aussi contente, et le montra en ne se hâtant pas d’élaborer les projets de loi, le projet d’organisation et le projet de budget prévus et que la Norvège, pour son compte, put présenter au mois de mai 1904. Les intransigeans firent plus et pis : ils s’y prirent si bien qu’ils forcèrent M. Lagerheim, promoteur suédois de l’entente, à se retirer, au profit du président du Conseil, M. Boström, qui, tout en ayant signé l’accord du 24 mars 1903, ne se décida à présenter à la Chambre suédoise, en novembre 1904, six mois après que le projet norvégien avait été déposé, qu’un projet répondant très peu à l’esprit de cet accord et dont le ministre d’État norvégien, M. Hagerup, pouvait écrire : « Suivant les principes ordinaires du droit public et international, il imprimerait à la Norvège la marque d’un État vassal. » Il était sûr, dès cet instant, que l’entente n’irait pas plus loin, ne dépasserait pas les généralités préliminaires. En décembre, sur l’insistance de M. Boström, elle échouait irrémédiablement. Si les Suédois eurent tous les torts, comme le veulent les Norvégiens, ou si ce furent les Norvégiens, comme le soutiennent les Suédois, ou s’il y en eut plutôt des deux côtés, c’est ce qu’on nous dispensera de rechercher. La Suède eut du moins le tort gros de conséquences pour elle, refusant de donner satisfaction à la Norvège, de ne pas réfléchir où ce refus l’allait conduire, et de ne pas se tenir prête aux événemens qu’elle-même déchaînait.

Comment n’y réfléchit-elle pas dans la fin de 1904 et les pre-