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d’un service consulaire norvégien distinct. » Votes du Storthing en ce sens ; veto du Roi ; et, en 1892, première crise : le ministère s’en va, un nouveau cabinet est formé que le Storthing accueille par un ordre du jour de défiance ; et troisième crise, plus longue et plus aiguë, en 1895. Si l’on faisait un comité, sinon unionnel, au moins composé de membres choisis dans les deux pays, peut-être s’entendrait-on ; on le fait, on discute pendant trois ans, et finalement on ne s’entend pas. On ne pouvait pas s’entendre : les Norvégiens veulent absolument un service consulaire à eux, et tout aussi absolument les Suédois ne veulent pas le leur donner ; comment concilier deux absolus inconciliables ? Quatre autres années pourtant s’écoulèrent assez paisibles, de 1898 à 1902, en attendant que, sur l’initiative de la Suède, grâce surtout à M. Lagerheim, ministre des Affaires étrangères, non plus théoriquement, mais administrativement on se mit à examiner, — encore dans un comité commun, — « la question de la création de services consulaires distincts, sans s’occuper de la question des affaires étrangères, » ce qui était déjà pour la Suède accepter le point de vue norvégien. Les commissaires, M. Ibsen, plus tard ministre d’État, et M. W. Christophersen, consul général à Anvers, pour la Norvège, M. Bildt, maintenant ministre à Londres, et M. Ameen, consul général à Barcelone, pour la Suède, à l’unanimité, formulèrent leurs conclusions en ces termes :

« Il est possible de nommer des consuls norvégiens spéciaux, ressortissant exclusivement à l’autorité norvégienne, et des consuls suédois spéciaux, ressortissant exclusivement à l’autorité suédoise. Toute immixtion de la part du ministre des Affaires étrangères dans la direction du service consulaire norvégien cessera, excepté pour ce qui concerne l’obtention de l’exequatur ; de même son autorité disciplinaire vis-à-vis des consuls norvégiens n’existera plus. Ces fonctions sont transmises à un ministère du gouvernement norvégien, qui forme la direction consulaire norvégienne. »

Conformément à cette résolution, M. Boström, président du Conseil suédois, M. Lagerheim, ministre des Affaires étrangères, M. Blehr, président du Conseil norvégien, et plusieurs autres ministres, signaient, le 24 mars 1903, un accord qui posait pour bases aux futures négociations (mais, si l’on était d’accord, qu’y avait-il tant à négocier ? et cet abus du formalisme n’a-t-il pas