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matières, souvent si nouvelles pour eux, qui leur sont enseignées, si l’on n’avait hâte de signaler une innovation plus révolutionnaire encore : à tous ceux de ces jeunes gens élevés à l’étranger, ou selon des méthodes étrangères, qui ont fait preuve de zèle et d’aptitudes, on confère le baccalauréat, la licence et même le doctorat, c’est-à-dire les grades autrefois réservés aux lauréats des examens classiques, et on leur ouvre l’accès des charges publiques. Ces examens eux-mêmes ont été profondément réformés : le système des développemens oratoires, connu sous le nom de Pa-Kou-Wen-Tchang, déjà supprimé en 1898 sur l’initiative de Kang-Yu-Wei, puis rétabli, a été définitivement aboli par un édit de l’Impératrice signé à Si-ngan, pendant l’exode de la Cour, en 1900 ; des programmes nouveaux, empruntés aux sciences européennes, ont été rédigés d’après un rapport présenté par Tchang-Po-Si. On a été plus loin : Tchang-Tche-Tong et Yuan-Chi-Kai ont osé demander la suppression des concours triennaux, et la Cour leur a donné raison en principe ; le nombre des admissions sera diminué pendant trois sessions, puis les examens seront définitivement supprimés ; ces concours si célèbres, qui attiraient les étudians par milliers dans la capitale de chaque province, ne seront bientôt plus qu’un souvenir, comme les longues tresses et les petits pieds.

En même temps que les programmes étaient bouleversés, on décidait, à partir de 1902, la création de toute une série d’écoles répondant à peu près à nos trois degrés d’enseignement : écoles primaires supérieures dans toutes les sous-préfectures, écoles secondaires dans toutes les préfectures, universités dans toutes les capitales de province. Ces universités délivrent des diplômes qui donnent accès aux charges officielles ; aussi leur succès et leur multiplication ont-ils été prodigieusement rapides ; toutes les provinces, même les plus pauvres et les plus troublées, comme le Kouang-si, ont aujourd’hui leurs bâtimens universitaires, construits à l’européenne, où sont enseignées les sciences de l’Occident. L’université de Pékin, fondée en 1898, seul vestige des créations éphémères de l’empereur Kouang-Siu, fermée de 1900 à 1902, a repris vie et activité et attire beaucoup d’étudians. De tous côtés surgissent des écoles : Tchang-Tche-Tong vient encore tout dernièrement de décider l’envoi au Japon de cinquante-quatre jeunes gens destinés à devenir professeurs dans une école d’agriculture. Collèges européens ou japonais,