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LES ANGLAIS AU THIBET

II[1]
LE GOUVERNEMENT THIBÉTAIN. — LE TRAITÉ ANGLO-THIBÉTAIN ET LE NOUVEL ETAT DE CHOSES AU THIBET


I. Les Origines du Lamaïsme et la réforme de Tsong-kapa.

Il ne saurait paraître étonnant qu’un pays si jalousement gardé par ses habitans, si déshérité par le double maléfice de l’altitude du sol et de la sécheresse de l’air, soit resté jusqu’en ces derniers temps une des contrées de la terre les moins connues des Européens. Jusque vers le milieu du siècle dernier, on ne possédait sur la géographie du Thibet et sur les mœurs de ses habitans que des renseignemens fort succincts et assez confus, fournis par les rares voyageurs et les missionnaires qui ne racontaient que ce qu’ils avaient pu voir ou entendre dire au cours d’une traversée trop souvent rapide. Ce furent les pandits anglo-hindous qui, les premiers, forcèrent le sanctuaire thibétain et en rapportèrent des dépouilles d’autant plus précieuses que le bouddhisme a accumulé au Thibet les trésors de ses traditions et de ses monumens et que la littérature sacrée offre dans ce pays des sources d’information plus abondantes et plus pures que

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.