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PASCAL ET LES « PENSÉES »


Pensées de Pascal, Fac-simile du manuscrit 9202 (Fonds français) de la Bibliothèque Nationale (Phototypie de Berthaud frères). Texte imprimé en regard et notes, par Léon Brunschvicg. Un vol. in-folio, contenant 258 planches en phototypie, avec 258 pages de texte. Paris, 1905, Hachette.


Enfin, nous les avons, ces « brouillons immortels, » comme les appelait si bien Sainte-Beuve. Ils nous sont enfin livrés, et divulgués, dans le désordre et dans l’intimité saisissante de l’original autographe, avec les surcharges, les ratures, les renvois, les innombrables obscurités de cette écriture tourmentée et douloureuse. Et l’on ne saurait trouver une occasion meilleure, à la lumière des publications récentes, pour revenir à cet émouvant Pascal, pour essayer, une fois encore, de deviner l’énigme qu’il nous propose.


I

S’il nous fallait dénombrer ici tous les travaux, — éditions, articles ou livres, — dont Pascal a été l’objet depuis quinze ou vingt ans[1], on serait étonné de voir combien de fidèles parmi nous entretiennent le culte de cette grande mémoire. Je doute que Taine et Renan eux-mêmes depuis leur mort aient donné lieu à autant de commentaires, suscité autant d’exégèses. Qu’on en juge par ce simple fait : en l’espace de moins de deux années 1896-1897, il a paru jusqu’à cinq éditions nouvelles des Pensées et deux réimpressions ; en moins de six ans, de 1899 à 1905, six

  1. Voyez, dans la Revue du 1er septembre 1885, l’article de M. Brunetière : De quelques travaux récens sur Pascal.