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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 juillet.

M. Rouvier a donné lecture à la Chambre, dans sa séance du 10 juillet, des lettres qui avaient été échangées deux jours auparavant entre le prince Radolin et lui : ces lettres ont mis fin à la première phase de l’affaire du Maroc. Depuis un peu plus d’un mois qu’il est au quai d’Orsay, M. Rouvier n’a pas eu d’affaire plus importante que celle-là : on attendait avec impatience quel en serait le dénouement. À l’inquiétude des premiers jours avait peu à peu succédé la confiance. Le ton de la presse allemande s’était sensiblement modifié, et il y avait lieu de croire que, de part et d’autre, les négociations étaient conduites avec bonne volonté. Ces espérances n’ont pas été démenties par l’événement. L’accord s’est fait. Il est sans doute tout ce qu’il pouvait être dans le présent : nous désirons sincèrement qu’il se maintienne ou plutôt se consolide et se développe dans l’avenir. Le point qui vient d’être fixé n’est, en effet, qu’un point de départ.

Dés maintenant, — et c’est la partie la plus satisfaisante pour nous des déclarations identiques de M. Rouvier et du prince Radolin, — dès maintenant, la situation exceptionnelle de la France est affirmée d’un côté et acceptée de l’autre. Une frontière commune sur une vaste étendue territoriale impose à l’Algérie et au Maroc des relations particulières, et il en résulte aussi pour la France un intérêt qualifié de spécial à ce que l’ordre règne dans l’empire chérifien. Il ne s’agit plus ici de la frontière seule, mais de tout le Maroc. Ce sont justement les raisons que nous avions invoquées auprès d’autres puissances, qui en avaient reconnu la légitimité, pour remplir au Maroc une tâche particulière aussi, et spéciale. L’Allemagne s’étant jetée au travers de nos projets, nous avons dû en arrêter l’exécution à peine entamée. Dans quelle mesure et sous quelles conditions nous