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années encore. J’ai cru devoir les arrêter ici. Le temps des faits d’armes est passé ! Elles ne retracent plus que des campagnes laborieuses que l’altération de sa santé rendait chaque jour plus pénibles, des difficultés de carrière auxquelles son caractère ardent ne savait pas se plier.

En 1830, âgé de quarante-cinq ans et capitaine de vaisseau depuis plusieurs années, il dut abandonner pour cause de maladie le commandement d’une belle frégate, la Guerrière, qu’il avait aménagée avec amour, et qu’il eut la douleur de voir menée par un autre à l’expédition d’Alger. Deux ans plus tard, la perte d’une femme adorée lui laissait la charge de sept petits enfans. Il renonça alors à reprendre la mer, et termina sa carrière dans le poste de Directeur du port de Brest, que son ami l’amiral Duperré le contraignit d’accepter, et qu’il conserva jusqu’à l’âge de sa retraite.

Il mourut à Brest au mois de janvier 1855, après une longue maladie, au cours de laquelle on dut lui cacher la nouvelle que deux de ses fils, enseignes de vaisseau tous deux, étaient tombés sous les balles russes à l’attaque du fort de Pétropawloski au Kanishatka. L’un d’eux, Auguste, réchappa d’une balle dans la tête ; le second, Charles, était resté sur le champ de bataille et avait précédé son père dans la tombe.

Puissent-ils s’être retrouvés là-haut, au sein du Dieu dont la clémence est promise à « ceux qui grand’peine ont endurée dans le service de la patrie ! »


Mis GICQUEL DES TOUCHES.