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du 22[1]. » Pantaleoni, qui se voit déjà au but, voudrait que tel Roi écrivît de sa main ; Cavour le calme : « La personne désignée ne peut écrire la lettre qu’on demande, que lorsqu’on sera à peu près sûr de se mettre d’accord[2]. » Le fer est au feu. De la prudence, la plus grande prudence ! Prudenza ! Massima prudenza[3] ! « Au point où nous sommes, avant de présenter proposition formulée, il serait bon de s’entendre verbalement. Qu’il engage le Père Passaglia à faire une course à ; Turin à nos frais,[4]. »

Le 5 février, contre-ordre : « Veuillez suspendre le départ du Père Passaglia. » Mais cette fois encore il est trop tard. « Passaglia a eu une conversation avec Antonelli, avec le Pape, et annoncé son départ. Il a communications intéressantes pour les négociations. » Cavour se résigne et répond, le 6 : « Si le Père Passaglia n’est pas encore parti, engagez Pantal... à lui recommander lapins grande réserve et de garder l’incognito. Je fais préparer une chambre pour lui chez moi. Il pourra venir directement du débarcadère à mon hôtel. » Ainsi est-il fait dans le plus grand mystère. Don Carlo reste trois ou quatre jours chez le ministre, et le quitte le .11 pour retourner à Rome. Cavour écrit à Pantaleoni :


11 février 1861.

Cher docteur,

Le Père Passaglia part après avoir eu quelques conférences avec Minghetti et avec moi ; nous sommes d’accord sur tous les points. Nous avons arrêté les articles sur lesquels doivent porter les négociations.

Il reste à rédiger les instructions pour les négociateurs, qui seront vous et le Père, sans personne autre pour le moment. Ces instructions demanderont quelque temps, en raison du voyage du Roi à Milan, qui me sépare de Minghetti, le seul conseiller que j’aie en cette affaire. J’espère pourtant que vers la fin de la semaine elles seront prêtes. Je vous les expédierai par mon bon ami le Père Molinari, qui peut aller à Rome et en revenir sans éveiller le moindre soupçon. J’y joindrai une espèce de lettre de créance pour le cardinal

  1. L’Idea ilaliana, Documenti, XVII. Telegramma di Cavour, 31 janvier 1861, p. 192. Les lettres, si impatiemment attendues, n’apportèrent qu’une déception, car l’entrevue, projetée pour-, le 18, entre le cardinal Antonelli et le P, Passaglia, n’avait pas eu lieu.
  2. Ibid., Documenti, XVII. Telegramma di Cavour, 31 janvier 1861, p. 192.
  3. Ibid., Documenti. XIII bis. Lettera di Cavour, 24 janvier 1861, p. 190. (Le texte porte 1860, mais c’est une faute d’impression évidente.)
  4. Ibid., Documenti, XVIII. Telegramma di Cavour, sans date, mais des premiers jours de février 1861, p. 193.