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toutes ses encycliques et toutes ses allocutions, « anathématisait les principes libéraux. » Trois prêtres, cependant, le Père Ventura, Rosmini et surtout, plus tard, Gioberti, faisaient, eux aussi, allusion « à la nécessité que l’Église et la papauté reprissent la direction de la civilisation chrétienne. » Et puis, Pantaleoni avait vu l’élection de Pie IX, l’enthousiasme, excessif et démesuré, qu’avaient excité ses premières réformes, les espérances, immenses, infinies, qu’elles avaient éveillées. Il s’était mêlé au mouvement qui avait abouti, — ce sont ses expressions, et elles disent bien ce qu’il voulait dire, — « à la séparation presque entière des deux pouvoirs, par la laïcisation du pouvoir temporel (formation du ministère Antonelli-Pasolini-Minghetti) ; « membre du Conseil des députés, et questeur, lors de l’assassinat de Rossi, de l’attaque du Quirinal et de la fuite de Pie IX à Gaëte, il était « demeuré ferme et fidèle à la constitution, » il avait refusé de siéger à la Constituante et de tremper dans la Révolution ; il avait, par ses écrits, combattu la République et principalement Mazzini, « ne prévoyant que trop l’intervention étrangère et la perte de la liberté. » Pour prix de sa fidélité, remarque-t-il non sans amertume, il avait été exilé deux fois, la première, à l’instigation des réactionnaires, par le général français Rostolan, et la deuxième, par ordre venu directement de Gaëte. Une démarche du ministre de Russie Bouteneff, dont il était le médecin, l’avait tiré d’affaire. Mais il avait, avec un besoin invincible de s’occuper de politique, des relations et, près des libéraux piémontais, une réputation qui pouvaient le rendre suspect aux autorités pontificales. Lié d’amitié avec Massimo d’Azeglio, il connaissait Cavour et « l’estimait hautement » depuis longtemps. Pourtant, jusqu’en 1858 et 1859, il n’avait pas eu l’occasion « d’entrer avec lui en correspondance particulière ou en quelque intimité, » ce qui n’empêche pas que, « sans que Cavour l’ait jamais su, » c’était lui, Pantaleoni, dont l’influence « avait obligé D’Azeglio à le prendre pour collègue, » lui qui, après la rupture du connubio avec Rattazzi, avait de toutes ses forces poussé au rapprochement. En revanche, après la guerre de Crimée et la paix de Paris, lorsqu’il avait été question d’un congrès pour régler les affaires italiennes, et spécialement pour faire cesser cette anomalie d’une occupation étrangère soutenant et maintenant le gouvernement du Pape, il avait reçu la visite du duc Lorenzo Cesarini qui arrivait de Piémont et, de la part