Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confédération des Sikhs par la force de ses armes et l’habileté de sa politique. La Compagnie des Indes réussit à s’entendre avec lui et à conclure en 1809 le traité d’Amritsar par lequel Rundjet-Singh s’engageait à ne faire aucune entreprise au delà du Satledj, affluent de l’Indus, et était, en échange, reconnu roi. Presque à la même époque leur action s’affirmait d’une manière énergique au Népal. Les habitans de ce pays n’avaient pu supporter le nouvel état de choses créé par le traité de 1800. Ils s’étaient soulevés contre les Anglais, avaient massacré le ministre résident Knox et, avec lui, les principaux nobles du pays. Franchissant leurs frontières, les guerriers népalais avaient porté leurs déprédations sur les territoires voisins et poussé leurs conquêtes à l’ouest jusqu’au Satledj ; à l’est ils avaient enlevé au rajah du Sikkim la moitié de ses États, et au sud avaient fait des incursions dans les provinces de Bénarès et de Patna. La guerre leur fut déclarée en 1814. D’abord les Népalais furent vainqueurs à la bataille de Kalanga où périt le général Gillespie. Mais, l’année suivante, ils éprouvèrent une série de défaites. Une armée indo-britannique vint camper sous les murs de Khatmandou et le roi du Népal dut signer le traité de Sigoli par lequel le Sirmor avec Simla, le Koumaon et le Garwal furent annexés aux possessions britanniques, et le Sikkim placé sous le protectorat anglais.

La mainmise sur ce dernier État mettait les territoires dépendant de la Compagnie en contact immédiat avec le Thibet central et la province de Tsang. D’autre part, le traité d’Yandabo, conclu le 26 février 1826, après les victoires remportées sur les Birmans, ajouta aux possessions britanniques les provinces d’Assam, de Manipour, de Katchar jusqu’au nord du Brahmapoutre et les rendit ainsi limitrophes du Thibet oriental et de la province d’Oui. Quelques années plus tard, à la suite d’une guerre contre le Boutan, qui dut céder en 1841 à la Compagnie des Indes ses terres basses en Assam, la frontière indo-britannique se trouva encore rapprochée du Thibet oriental. Vers la même époque, la politique malavisée des Sikhs permit aux Anglais de reporter leur frontière nord-ouest jusqu’au Thibet occidental et même de placer sous leur influence cette partie du Thibet.

Runjet-Singh, tant qu’il avait vécu, avait respecté scrupuleusement les engagemens pris par lui vis-à-vis des Anglais et s’était montré l’allié fidèle de la Compagnie des Indes. Cette conduite