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Berzélius et Davy appliquaient les charges électriques, étaient mal choisis : c’est à des élémens différens que ces charges électriques sont réellement fixées. L’étude attentive de l’électrolyse, c’est-à-dire de la décomposition des sels par le courant électrique, redressa ces erreurs. Quand le courant électrique traverse une solution d’un sel, tel que le sulfate de cuivre, la base ne va pas d’un côté et l’acide de l’autre ; le partage ne se fait pas ainsi. Le métal seul (Cu) se dépose au pôle négatif : l’acide et l’oxygène (SO3 + O) vont au pôle positif.

L’électrolyse, soigneusement étudiée par Faraday, a donc révélé les véritables élémens électriques du sel : l’élément métal (Cu) qui se rend à l’électrode négative ou cathode et le reste formé par les autres élémens (SO4) qui se rend à l’électrode positive ou anode. Dans le même temps, le développement des connaissances chimiques aboutissait à une conclusion identique relativement aux véritables élémens chimiques des sels. J.-B. Dumas découvrait entre 1831 et 1834 le phénomène des substitutions : il en faisait sortir la doctrine unitaire. Chaque corps composé, au lieu d’être envisagé comme formé par l’union de deux groupemens d’élémens qui s’opposent et se neutralisent, apparut désormais comme un tout, une masse indivise d’atomes divers. Tel d’entre eux peut être remplacé par un autre venu du dehors et le nouveau composé produit par cette substitution est l’analogue du premier.

Ce sont ces vues qui, appliquées aux acides, aux bases et aux sels, ont conduit aux définitions actuellement classiques. Un sel est un groupement d’élémens chimiques, d’atomes, où l’on distingue d’une part le métal et, de l’autre, le « reste acide » formant masse. Dans le sulfate de cuivre CuSO4 on a Cu et SO4 ; dans l’azotate de potasse AzO3K, on a le potassium K et le reste acide AzO3 : dans le chlorure Je sodium NaCI on a le sodium elle chlore. Le métal, cuivre, potassium, sodium, se rassemble à la cathode : l’ensemble des autres parties se rend à l’électrode positive ou anode. Faraday, en 1835, a créé le mot d’ion (qui en grec signifie allant) pour indiquer ce mouvement des élémens qui sont comme attirés par les électrodes. L’ion métallique qui va à la cathode est un cation ; le reste acide (SO4, AzO3, CI) qui se rend de même à l’électrode positive, à l’anode, est un anion. Le passage du courant électrique révèle donc dans la molécule d’un sel la présence de deux facteurs : un élément, chargé positivement, le cation qui est généralement le métal et un élément chargé négativement l’anion, formé par la masse des autres élémens.

Au point de vue chimique comme au point de vue électrolytique