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REVUE SCIENTIFIQUE

ACIDITÉ, ALCALINITÉ, EN CHIMIE
ET EN BIOLOGIE

On apprend aujourd’hui aux écoliers et même aux écolières, à tous les degrés de l’enseignement, un peu de chimie : on leur donne, tout au moins, les premières notions de la nomenclature chimique. Après avoir énuméré les corps simples, métalloïdes et métaux, on en vient aux corps composés : et dans la foule innombrable de ces corps composés, on établit tout d’abord trois groupes principaux, trois catégories distinctes : les acides, les bases et les sels. On prend soin de définir ces trois « fonctions chimiques » qui se rencontrent au seuil même du domaine nouveau. Cette manière de classer les corps est ancienne : les noms des groupes le sont aussi, et l’apprenti chimiste pourrait être tenté de croire que ces définitions essentielles, fondamentales, sont faites ne varietur, qu’elles sont aujourd’hui ce qu’elles étaient hier et ce qu’elles seront demain.

Il s’en faut de beaucoup. Les définitions des acides, bases et sels ont notablement changé au cours des temps. Les acides par exemple furent d’abord des oxydes des métalloïdes, c’est-à-dire des composés de l’oxygène dont le nom conserve la trace de cette erreur, le mot voulant dire, en grec « j’engendre les acides. » Aujourd’hui, les acides ne sont plus définis comme des composés de l’oxygène mais comme des composés de l’hydrogène. — Les bases étaient des oxydes des métaux ; elles en sont maintenant des hydrates. Un sel était, par définition, au temps de Berzelius et de Mitscherlich, le résultat de