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d’avoir été le berceau et l’école de Niccolò » et découvre aussitôt, en Toscane, au XIIe siècle, l’un près de Lucques, l’autre près d’Arezzo, deux villages du nom de Pulia. L’un d’eux serait la patrie du grand homme. S’il était de la Fouille, dit-il, on eût écrit : « Nicolaus de partibus Apuliæ » et non « de Apulia. » Ce fut, dès lors, partout, une levée d’armes, dans laquelle les champions se dressent, de chaque côté, presque en nombre égal. Semper, Hettner, Schuaase, Perkins, Dobbert, Dohme, E. Müntz, M. Schmarzow, M. Marcel Reymond, lui-même encore, le dernier et le plus libre historien de la sculpture florentine, tiennent pour la Toscane ; Forster, Hermann Grimm, Lubke, Springer, Salazaro, MM. Frey, Carabellese, G. de Giorgi, Bernich, Venturi, acceptent l’origine apulienne. La plupart des premiers établissent surtout leur opinion d’après l’infériorité présumée de l’art méridional avant la floraison pisane. Il nous paraît difficile qu’après les démonstrations, par analyses et analyses comparatives, clairement et longuement faites par MM. Bertaux et Venturi, il soit possible de nier la valeur de l’évolution accomplie, dans les Fouilles et la Campanie, dès le XIIe siècle et surtout du temps de Frédéric II, non plus que la similitude des caractères qu’elle présente avec l’évolution postérieure déterminée à Rise par Niccolò, devenu citoyen de cette ville active et riche.

Il nous est impossible, à notre grand regret, de suivre MM. Bertaux et Venturi, dans l’examen détaillé de cette question, à laquelle ils ont tous deux consacré leurs derniers chapitres, très substantiels et très intéressans. Nous avons dû, de même déjà, pour les périodes précédentes, nous borner à signaler les plus importantes des conclusions présentées par l’un ou par l’autre, sur une quantité de points spéciaux. L’ouvrage de M. Bertaux, moins général, composé, comme nous l’avons dit, d’une énorme suite d’études analytiques, et faites sur place, nous offre un champ immense d’observations nouvelles et de controverses fécondes. Désormais, grâce à lui, les artistes, les amateurs, les voyageurs sauront, comme le savaient déjà quelques savans, quelle part active et féconde, cette Italie du Sud a prise à la grandeur de l’art du moyen âge et à la formation des arts de la Renaissance.


GEORGES LAFENESTRE.