Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/931

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin la dernière venue de toutes les puissances maritimes, maintenant une des plus redoutables, le Japon, n’a pas hésité à nous copier en créant à son tour un corps d’ingénieurs hydrographes. C’est ce corps, dont nous ignorons l’importance numérique, mais qui doit être beaucoup plus nombreux que le nôtre, à en juger par les travaux qu’il publie, qui procède depuis une vingtaine d’années à la reconnaissance détaillée de ses côtes si étendues et si découpées. Il apporte dans cette œuvre de longue haleine les qualités maîtresses que la guerre actuelle a mises en relief : soin minutieux, esprit de méthode, souci du détail ; mais on y constate aussi le manque d’originalité ; ses cartes semblent calquées sur les cartes anglaises dont elles ont adopté les unités de mesure : le méridien est celui de Greenwich, les sondes sont en brasses anglaises ou en pieds anglais ; à côté des caractères chinois qui représentent les noms des îles, caps, rochers, etc., sont les traductions anglaises ; les titres sont mi-anglais, mi-japonais. Ils en ont même imité les défauts ; les cartes japonaises sont, comme les cartes anglaises trop touffues, trop noires de sondes, compliquées de détails inutiles. Elles ne s’en distinguent même pas par le cachet artistique qu’on peut mettre dans le figuré du terrain et qu’on pouvait attendre de ces maîtres que sont les Japonais dans toutes les branches de l’art.

Et, à ce point de vue encore, nos cartes marines françaises gravées par les Collin, les Michel, les Dyonnet, et autres artistes de leur école, sont restées des chefs-d’œuvre artistiques qu’on n’a pas égalés.