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l’ancien French Shore, que les officiers de cette école furent appelés à faire de l’hydrographie. Plus tard leur concours fut utilisé également sur les côtes de l’Indo-Chine et de Madagascar où presque toujours les ingénieurs furent doublés d’officiers. Mais il est clair que cette dualité ne saurait donner toute satisfaction. Le plus souvent, l’officier de marine manque de l’instruction technique nécessaire à l’hydrographe. Le programme de l’Ecole navale ne comporte pas en effet de cours d’hydrographie ; dans l’état actuel des choses où les officiers de marine sont appelés si souvent à coopérer au levé des cartes marines, c’est une lacune aussi bizarre que le serait celle du cours de topographie dans le programme de Saint-Gyr. Cette lacune n’est que bien insuffisamment comblée par les quelques conférences qu’on fait aux aspirans à bord du vaisseau école d’application. Le lieutenant de vaisseau chargé de ces conférences est généralement étranger lui-même, — ou à peu près, — à l’art qu’il enseigne ; ces conférences, forcément très restreintes, sont limitées à quelques notions élémentaires ; elles sont insuffisantes pour former un hydrographe, et les exercices pratiques qui consistent en une ou deux journées de sondes ne le sont pas moins.

L’hydrographie en effet, même si on la borne à sa partie élémentaire, à un simple levé de plan, est une science dont la pratique exige, comme tout ce qui touche aux choses de la mer, une très grande expérience, principalement en ce qui concerne les sondes.

Cette pratique, il est clair que l’officier de marine, en se spécialisant, pourrait tout comme un autre, et certainement plus facilement qu’un autre, arriver à l’acquérir.

Mais cela est-il nécessaire ? Doit-on essayer de distraire encore l’officier de marine du rôle militaire qui reste, avant tout, le sien ? Nos amiraux se plaignent déjà de l’insuffisance numérique des officiers de vaisseau ; le nombre des unités navales a augmenté dans des proportions énormes depuis trente ans, et les cadres de ces officiers sont restés à peu près les mêmes ; aussi, en cas de mobilisation, nous n’aurions pas assez d’officiers pour armer tous nos navires. Déjà, pendant la guerre de Chine, en 1885, il fallut prendre dans la marine marchande des officiers auxiliaires. Il serait donc contraire aux intérêts bien entendus de notre marine de chercher à retirer encore au personnel combattant, trop peu nombreux, une partie, — et la plus savante, —