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CARTES MARINES
ET
RÉCIFS SOUS-MARINS

Le levé des cartes marines est une science d’origine récente ; elle est de plus d’origine française. Il y a à peine un siècle qu’un illustre marin, Beautemps-Beaupré, créait, pour ainsi dire de toutes pièces, la science de l’hydrographie et lui donnait du premier coup une précision et une perfection qui ont suffi pendant longtemps à tous les besoins de la marine. C’est l’origine et l’état actuel de cette science que nous nous proposons d’examiner ici.


I

Les cartes marines des siècles antérieurs étaient faites surtout pour la navigation du large : c’était ce qu’on appelle des routiers. Elles étaient donc à très petite échelle et n’indiquaient que d’une façon grossière la forme et le détail des côtes. L’estime entrait alors pour beaucoup dans la conduite du navire. La latitude seule était observée. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, époque où l’on commença à se servir des chronomètres, la longitude était généralement déduite de l’estime ; or celle-ci étant une donnée grossièrement évaluée au moyen du loch et du compas, il suffisait de connaître à quelques milles près la position d’un port ou d’un danger. Quand on arrivait près des côtes, on naviguait avec prudence (on n’était jamais bien pressé, tout au moins le temps ne comptait pas alors comme aujourd’hui), on mettait en panne pour sonder, on envoyait des vigies dans la mâture pour mieux