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Á TRAVERS LONDRES
ET
AUX ENVIRONS

Je n’ai jamais vu à Londres autant de choses intéressantes qu’en plein été, au moment où il n’y avait censé rien à Voir. Aurais-je, par exemple, entrepris dans la saison mondaine des voyages de découvertes tels que celui qui me conduisit vers un des plus anciens monumens de la Cité, l’église normande de Saint-Barthélémy ? Aurais-je eu le temps de visiter à plusieurs reprises tant de collections d’art ? Aurais-je osé rechercher en simple badaud les amusemens populaires d’Earl’s Court ?

On peut passer des jours dans la galerie Tate, cette annexe de la Galerie Nationale qui occupe aujourd’hui l’emplacement d’une prison cellulaire définitivement détruite, Millbank. Elle fut offerte à la nation, il y a peu d’années, par Henry Tate « pour l’encouragement et le développement de l’art britannique et en actions de grâces d’une carrière prospère de soixante ans dans les affaires. » La dédicace, ainsi rédigée sur la base d’une colonne du hall central, indique la provenance de soixante-cinq des tableaux auxquels se sont ajoutés ceux de la collection Vernon, puis les legs Chantry et Vaughan, composant pêle-mêle un ramassis de chefs-d’œuvre et de médiocrités que domine de toute sa majesté intransigeante et sombre le don du grand poète, du grand penseur que fut G. -F. Watts. Quelle vision poignante de la destinée de l’homme se dégage des symboles de la Vie, de l’Amour et de la Mort, tels qu’il les concevait ! Il n’y a qu’un mot,