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de Vizé pour le théorbe, de Bu terne pour le clavecin, et de Fourcroy pour la basse de viole[1]. »

Il y avait aussi, de temps à autre, à la Cour des réceptions officielles où la Duchesse de Bourgogne jouait son rôle. L’Electeur de Bavière vint à Paris dans les derniers jours de novembre 1709. Cet allié de la France, qui payait en ce moment sa fidélité de la perte de ses États, avait besoin d’être ménagé. On décida que, bien qu’il voyageât incognito, il serait reçu à Marly dont le Roi lui fit les honneurs. La Duchesse de Bourgogne l’y aida avec infiniment de bonne grâce, et Mme de Maintenon, dans sa joie de la façon avantageuse dont s’était montrée la jeune princesse, s’empressait d’écrire à la princesse des Ursins : « Madame la Duchesse de Bourgogne s’est surpassée, et il nous est déjà revenu que l’Electeur en est charmé. Dès qu’il aborda le salon où il entra avec le Roi, il la connut à sa bonne mine. J’en tire d’autant plus de vanité que Mme la princesse de Conti était près d’elle. Cette princesse m’en a toute l’obligation ; elle voulait paraître en écharpe sous prétexte de sa grossesse, et dans une négligence qui lui sied plus mal qu’à personne ; j’obtins d’elle, avec bien de la peine, de s’habiller et même de se parer ; il est vrai que j’en fus surprise moi-même ; elle ne paraissait pas grosse de cinq mois ; elle a très bon visage, car elle se porte très bien, et elle était incarnate et blanche depuis les pieds jusques à la tête. Elle renouvela une ancienne connaissance avec l’Electeur, qui lui soutenait qu’elle ne pouvait plus se souvenir de lui ; elle lui dit qu’elle l’avait vu dans le cabinet de Madame sa mère, et qu’il contrefaisait l’Empereur[2]. »

Ainsi, depuis sa lutte contre Vendôme et son triomphe, notre princesse avait pris de l’assurance et dominait de plus en plus la Cour. La cabale opposée, à la tête de laquelle était toujours la Duchesse de Bourbon, ne cessait cependant point de lui faire opposition. « Toute la Cour est pleine d’intrigues, écrivait Madame… Le Dauphin est sous la domination absolue de sa sœur Madame la Duchesse. La princesse de Conti est devenue l’alliée de celle-ci, afin de ne pas perdre tout pouvoir sur lui. Madame la Duchesse de Bourgogne, qui voudrait elle aussi gouverner le Dauphin aussi bien que le Roi, est jalouse de Madame

  1. Mémoires de Sourches, t. VII, p. 136.
  2. Lettres de Mme de Maintenon à la princesse des Ursins, t. II, p. 109. Dans cette publication, la lettre est datée par erreur de 1710.