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les réclamations des familles. Il se contenta de recourir à un expédient plus ou moins pratiqué sous tous les gouvernemens antérieurs : c’est de donner une certaine instruction à la seconde partie du contingent laissée dans ses foyers ; et on subvint aux dépenses de cette instruction sans excéder les ressources du budget, en envoyant en congés renouvelables les hommes de la première partie du contingent après trois ans et demi environ passés sous les drapeaux. La réserve pouvait être exercée ainsi trois mois la première année, deux mois la seconde, un mois la troisième.


IV

Depuis 1861, l’opinion, excitée par Achille Fould et ses amis, avait exigé qu’on affaiblît l’armée[1]. Après Sadowa, elle demanda qu’on la fortifiât. Le chroniqueur de la Revue des Deux Mondes, Forcade, écrivit ce que presque tout le monde disait dans les salons comme dans la rue : « Il ne faut pas de longues réflexions pour comprendre que ce n’est point par une annexion de territoire, par une rectification de frontière qu’il est possible à la France de faire contrepoids aux forces effectives de la Prusse et de sa confédération. Nous avons donc à prendre, et sans délai, des résolutions viriles à l’égard de notre établissement militaire. Avouons la nécessité qui nous domine, quelque énorme qu’elle puisse paraître au premier abord. Il faut désormais que la France se tienne prête à posséder toujours pour le cas de guerre un effectif d’un million d’hommes… Ce qu’il y a de plus pratique et de plus efficace, c’est l’imitation du système prussien. On entrerait pleinement dans la loi de notre révolution démocratique en rendant le service militaire obligatoire pour tous, en combinant des périodes de service actif, de réserve, de rappel en cas de guerre qui missent le salut public à l’abri de tout péril, sans assujettir en temps de paix le service actif à des conditions de durée trop onéreuses pour les classes industrielles et les intérêts économiques du pays. Dans la recherche et la réalisation de cette nouvelle organisation militaire, on sera certainement porté par la grandeur et l’autorité pressante du devoir qu’il s’agit de remplir envers la patrie[2]. »

  1. Voyez l’Empire libéral, t. VII, p. 305.
  2. Voyez la Revue du 1er septembre 1866.