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ciation a eu l’effet que les publications de ce genre ont d’ordinaire : elle a aigri les esprits au lieu de les calmer. Il y a eu en Norvège un déchaînement contre le premier ministre suédois, M. Bostom, qu’on a accusé de mauvaise foi. Quant au ministre norvégien, M. Hagerup, bien qu’il soit un des plus modérés de ses compatriotes, il n’a pas cru pouvoir se séparer de l’opinion générale ou plutôt unanime du Storthing. Il a fait à l’assemblée, le 9 février dernier, une déclaration dont voici le sens et presque les termes : — Au conseil commun, a-t-il dit, tenu sous la présidence de Sa Majesté, les négociations ouvertes entre les deux gouvernemens ont été déclarées closes. Les négociations n’avaient abouti à aucun résultat. Les bases posées en mars 1903 avaient inspiré de la confiance, et nous ne nous en sommes pas écartés pour notre compte. La déception causée par cet échec sera d’autant plus grande pour le peuple norvégien qu’il s’agit d’un domaine où il ne considère pas que l’acte d’union l’oblige à la communauté, et d’une question sur la solution de laquelle il n’y a qu’une opinion dans le pays. La situation est très sérieuse. Notre peuple est animé du vif désir d’entretenir des rapports amicaux entre deux pays voisins et de même race. Mais les conditions actuelles de l’Union sont intolérables et elles ne peuvent être maintenues sans péril pour les rapports en question. Notre but doit donc être d’arriver à un état de choses qui assure à la Norvège la possession, dans leur plénitude et sans restriction, des droits qui lui reviennent comme État souverain, droits que tous les Norvégiens sont unanimes à revendiquer. Si cela ne peut être atteint dans les limites du régime qui lie actuellement les deux royaumes, il y aura lieu d’examiner sous quelles formes nouvelles et plus libres pourrait s’établir entre eux une entente profitable à leurs intérêts communs, intérêts dont la sauvegarde doit être chère à tous et qui, plus encore que les institutions, sont la base sérieuse et sûre de toute union entre États indépendans. — M. Hagerup, sans conclure à une proposition ferme, faisait appel, pour la trouver, à la collaboration du gouvernement et du Storthing : il ajoutait qu’il était prêt à donner sa démission, si son maintien aux affaires devait rendre plus difficile l’accord des partis. Le Storthing a écouté sa déclaration avec un silence qui témoignait de la gravité des circonstances, mais avec la résolution évidente de pousser les choses à bout. M. Hagerup, en effet, n’a pas tardé à donner sa démission, et il a été remplacé par M. Michelsen, partisan de ce qu’on appelle l’action immédiate. La constitution norvégienne porte qu’une loi devient définitive malgré le veto royal, lorsqu’elle a été