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pourrait se rétablir entre eux que par des concessions réciproques, et nous avons dit que la Suède en avait déjà fait beaucoup. Malheureusement, on en est venu au point où, de part et d’autre, on ne croit plus pouvoir en faire, et lorsqu’on en est là, chacun va naturellement à l’extrémité de sa thèse. Nous ne raconterons pas, même en nous enfermant dans ces dernières années, les nombreux détails de la lutte qui se poursuit entre Christiania et Stockholm : nous craindrions de nous y égarer. Il suffit de savoir qu’au commencement de 1903, une détente s’est produite, dont on a attendu beaucoup en Norvège et un peu moins en Suède. A la suite d’un vote du Storthing, des conférences avaient eu lieu à Christiania, où le président du Conseil et le ministre des Affaires étrangères suédois s’étaient rendus, pour fixer les bases d’une entente ultérieure. Y avaient-ils réussi ? L’avenir a prouvé que non, mais on l’a cru sur le moment et un communiqué officiel du mois de mars, qu’on a bien souvent invoqué depuis, a annoncé les décisions suivantes : — 1° La Suède et la Norvège auront chacune un service consulaire distinct relevant de l’autorité nationale ; 2° les rapports rattachant ces consulats au département des Affaires étrangères et aux missions diplomatiques seront déterminés par des lois identiques, lesquelles ne pourraient être modifiées que d’un commun accord.

On a vu là à Christiania un succès décisif. Les élections qui ont eu lieu bientôt après s’en sont ressenties, et au ministère Blehr qui avait représenté avec énergie, mais avec quelque intransigeance, les revendications norvégiennes, a succédé le ministère Hagerup, plus modéré. La même satisfaction ne régnait pas en Suède, où l’on ne voyait pas sans un redoublement de défiance grandir les prétentions de l’État voisin, et, quand on a abordé de part et d’autre la préparation des lois d’organisation qui devaient être identiques, on n’a pas tardé à s’apercevoir qu’il y avait eu malentendu. Il apparaissait de plus en plus que le gouvernement suédois avait consenti surtout à poser des questions et à les étudier, tandis que le gouvernement norvégien avait compris qu’elles étaient virtuellement résolues et qu’il ne restait plus qu’à pourvoir à l’exécution du programme de mars 1903, ce qui devait être facile et rapide. Mais ce n’était ni l’un ni l’autre. Chacun des deux gouvernemens faisait son projet et l’opposait à celui du voisin. Loin de s’atténuer, les exigences du gouvernement norvégien allaient en augmentant : il entendait se réserver sur ses consuls une autorité disciplinaire sans partage. Dès lors, la rupture était difficile à éviter. La publication, faite par le gouvernement suédois, des documens se rapportant à la négo-